03 novembre 2004

La Mère de Dieu

La Mère de Dieu occupe le centre de l'icône et sa taille est nettement plus grande que celle des autres figures. Elle est étendue sur une litière et la position de son corps exprime la grande lassitude que toute femme peut éprouver après un accouchement. Allongée sur un matelas rouge, elle est enveloppée d'un grand manteau de couleur pourpre, orné de 3 croix : une au milieu du front et deux autres sur les épaules, symboles de la triple virginité de Marie. La couleur rouge du matelas évoque le sang, symbole de la vie. La couleur pourpre foncée du manteau (maphorion) renvoie quant à elle à la pourpre impériale, traditionnellement réservée aux empereurs. Elle exprime ici toute la majesté et la dignité de celle qui est devenu la Mère de Dieu.

Son visage serein est tourné vers les femmes qui procèdent au bain de l'Enfant, ou bien vers Joseph, tous situés dans le bas de l'icône. En fait son regard est tourné vers les hommes, accueillant ceux qui la regardent. Il est aussi perdu dans la contemplation du salut, comme il est dit dans l'Évangile de Luc: « Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur. » (Lc 2, 19)

Le plus souvent, elle tourne le dos à l'Enfant, attitude qui ne semble pas naturelle pour une femme venant de mettre un enfant au monde. Mais il s'agit ici d'une femme qui est la Mère de Dieu, de celle que l'Église nomme Théothokos. En effet l'Église voit en elle l'exemple le plus parfait de l'humanité, Dieu l'ayant pris pour mère lorsque la Vierge prononça le Fiat. Dieu a pu prendre chair en elle, et par son libre consentement, Marie est l'exemple suprême de coopération entre Dieu et la liberté de l'homme. La grandeur de sa taille dans l'icône insiste sur cet aspect.

Dans certaines icônes du XVe et XVIe siècle, généralement d'origine crétoise ou athonite, on voit la Mère de Dieu étendue sur un rocher plat à l'entrée de la grotte. Il faut y voir l'illustration de certains passages liturgiques comparant la Vierge à une montagne, en référence au passage biblique : « Tu regardais : soudain une pierre se détacha, sans que la main l'eût touchée, et vint frapper la statue, ses pieds de fer et d'argile, et les brisa. » (Daniel 2, 34). Parmi les louanges liturgiques à la Mère de Dieu attribuées à la Mère de Dieu, on trouve les titres de « Montagne non taillée, Montagne sainte et ombragée.. » Ainsi est décrite la Mère de Dieu dans l'Hymne Acathiste: « Réjouis-toi montagne inaccessible aux humaines pensées, réjouis-toi insondable océan même aux anges soustrait, réjouis-toi car du Roi tu deviens le trône et le palais, réjouis-toi, puisque ton Créateur par toi se fait porter. » (première stance, ikos 1).


MAPHORION (grec) : voile couvrant la tête et les épaules de la Vierge et des femmes saintes.

THÉOTOKOS (grec) : « Celle qui enfante Dieu ». L'Église orthodoxe voue à la Vierge Marie, qu'elle appelle Mère de Dieu, une profonde dévotion partagée par tous les fidèles. Porteuse du Christ « vrai Dieu et vrai homme », la Vierge Marie a été déclarée «Mère de Dieu» par le IIIè concile œcuménique d'Éphèse en 431. Devenue après l'incarnation, la mère du Logos incarné, la Mère de Dieu est inséparable de l'œuvre de son Fils.

FIAT (latin) : « Que cela advienne », réponse de Marie à l'archange Gabriel, lors de l'Annonciation.