21 avril 2007

Dimanche des Myrrhophores et du Juste Joseph d'Arimathie

Marc 15, 43 - 16, 8

43 arriva Joseph d'Arimathée, conseiller de distinction, qui lui-même attendait aussi le royaume de Dieu. Il osa se rendre vers Pilate, pour demander le corps de Jésus.
44 Pilate s'étonna qu'il fût mort si tôt ; fit venir le centenier et lui demanda s'il était mort depuis longtemps.
45 S'en étant assuré par le centenier, il donna le corps à Joseph.
46 Et Joseph, ayant acheté un linceul, descendit Jésus de la croix, l'enveloppa du linceul, et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc. Puis il roula une pierre à l'entrée du sépulcre.
47 Marie de Magdala, et Marie, mère de Joses, regardaient où on le mettait.
1 Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates, afin d'aller embaumer Jésus.
2 Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre, de grand matin, comme le soleil venait de se lever.
3 Elles disaient entre elles: Qui nous roulera la pierre loin de l'entrée du sépulcre?
4 Et, levant les yeux, elles aperçurent que la pierre, qui était très grande, avait été roulée.
5 Elles entrèrent dans le sépulcre, virent un jeune homme assis à droite vêtu d'une robe blanche, et elles furent épouvantées.
6 Il leur dit: Ne vous épouvantez pas; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié; il est ressuscité, il n'est point ici; voici le lieu où on l'avait mis.
7 Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède en Galilée: c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit.
8 Elles sortirent du sépulcre et s'enfuirent. La peur et le trouble les avaient saisies; et elles ne dirent rien à personne, à cause de leur effroi.

Méditation d'un moine de l'Eglise d'orient

Le deuxième dimanche après Pâques est appelé «di­manche des myrrhophores». Ce nom grec signifie «por­teuses d'aromates». Il s'agit des femmes qui vinrent pour oindre le corps de Jésus enseveli et auxquelles la Résur­rection fut annoncée en premier lieu. L'épisode est rela­té dans l'évangile de la liturgie (Marc, 15:43-16:8), et l'Eglise en fait, ce dimanche, l'objet spécial de notre mé­ditation.

A l'aube du dimanche, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé se rendent au sépulcre. Nos journées seraient bénies si, chaque jour, «de grand ma­tin» et plus particulièrement «le premier jour de la se­maine», notre pensée se tournait vers Jésus triomphant de la mort. Le soleil «se levait» quand les femmes allè­rent au sépulcre. Jésus est le vrai soleil qui doit illumi­ner notre journée dès son commencement. La journée entière devient autre quand elle débute avec Jésus.


Les femmes ne savent comment elles parviendront jusqu'au corps de Jésus: «Qui nous roulera la pierre de l'entrée du tombeau ?». L'évangile précise que cette pier­re «était fort grande». Beaucoup d'entre nous peuvent se poser la question que se posaient les femmes. Car, dans beaucoup d'âmes, Jésus semble être enseveli comme en un sêpulcre. Il semble paralysé, immobilisé, - même mort. Il est recouvert par une pierre pesante : la pierre du péché, de l'ignorance, de l'indifférence, la pierre de l'habitude mauvaise accumulée depuis des années. Nous voudrions peut-être enlever cette pierre et atteindre le Seigneur vivant. Mais nous n'en avons pas la force. «Qui nous roulera la pierre ?'».

L'entreprise des femmes ne paraît pas - humaine­ment parlant - pouvoir réussir. Et cependant elles se sont mises en route. Sans savoir comment elles entreront dans le sépulcre, elles marchent vers lui. De même, sans savoir comment sera ôté l'obstacle qui peut-être nous
empêche d'avoir accès au Sauveur, ayons confiance. Fai­sons un premier mouvement. Levons-noUs. Mettons-nous en route. Marchons vers Jésus que la lourde pierre sé­pare de nous. Que la foi et l'espérance nous guident.

Les femmes ne vont pas au sépulcre les mains vi­des. «Elles achetèrent des aromates pour aller oindre son corps». Apportons nous aussi quelque chose au sépul­cre. Même si nous sommes souillés par les plus grands pé­chés, apportons au sépulcre un commencement de bonne
volonté, notre peu d'amour, un acte charitable envers d'autres, notre faible prière. Sans doute ce ne sont pas nos pauvres dons qui obtiendront que la pierre soit ôtée, car notre accès à Jésus ressuscité et à la puissance de sa Ré­surrection demeurent le présent magnifique et entièrement
gratuit de la miséricorde divine. Mais le fait que nous ne nous acheminons pas vers le sépulcre avec des mains tout­à-fait vides montrera que notre cœur non plus n'est pas vide. Où sont les «aromates» avec lesquelles nous vou­lons «oindre» Jésus ?

Et voici que le miracle s'est produit. «Elles virent que la pierre avait été roulée». Les feJllInes n'auraient pas pu enlever cet obstacle. Mais Dieu lui-même y a pour­vu. L'évangile que nous lisons ce dimanche ne précise pas comment la pierre de l'entrée du sépulcre fut rou­lée. Un autre évangile est plus explicite: «Et voilà qu'il se fit un grand tremblement de terre : l'Ange du Sel­gneùr descendit du ciel et vint rouler la pierre...». Ce verset est riche de sens. Quand l'ange du Seigneur vient ôter la pierre du sépulcre, il ne la roule pas doucement. Ce n'est pas une opération qui puisse s'accomplir sans ef­fort, sans une commotion violente et profonde. Il y faut un tremblement de terre. De même, l'enlèvement de l'obstacle qui nous sépare de Jésus ne doit pas être con­çu par nous comme un ajustement partiel. Il ne s'agit pas d'ôter ou de déplacer quelques pierrailles, de modi­fier quelques détails en laissant l'ensemble aussi inchan­gé que possible. Là encore, un tremblement de terre doit intervenir. C'est-à-dire que le changement doit être total, atteignant tous les aspects de notre être. La conversion est un «tremblement de terre» spirituel.

L'ange vêtu de blanc, assis dans le sépulcre, dit aux femmes : «Jésus que vous cherchez... est res­suscité, il n'est pas ici. Voici le lieu où on l'avait placé». Non seulement Jésus ressuscité n'est plus dans le tom­beau, mais toute tentative de limiter, de localiser, de cir­conscrire sa presence est vaine désormais. La piété hu­maine imagine parfois qu'elle peut lier la présence du
Sauveur à certaines conditions ou circonstances - de temps, de lieu, d'action - ou à certaines formules intan­gibles. Mais Jésus-christ nous est maintenant accessible en tout temps, en toutes circonstances. Il dépasse et fait éclater les cadres où certains chrétiens voudraient par­
fois l'enfermer, - «où on l'avait placé». On nous dira : «Il est ici», ou «Il est là»; et il y est, quoique peut-être autrement que ne le pensent les fidèles qui l'adorent «ici» et dà», mais il est aussi ailleurs, et nous pouvons par­tout découvrir sa présence. «Ne cherchez point parmi les morts celui qui est vivant», comme dit un autre récit de la Résurrection.

L'ange dit encore aux femmes : «Allez dire à ses disciples et notamment à Pierre, qu'il vous précède en Galilée : là vous le verrez, comme il vous l'a dit». Que gnifie. ce rendez-vous en Galilêe, plusieurs fois mention­né dans les évangiles ? Jésus veut-il simplement sous­traire ses disciples à la curiosité et à l'hostilité des Juifs ? Veut-il, après des jours de trouble et d'angoisse, leur as­surer un intervalle de tranquillité, dans une atmosphère bien différente de celle de Jérusalem? Peut-être cela est­il. Peut-être aussi ne nous tromperions-nous pas en don­nant des paroles de Jésus une explication plus profonde. C'est en Galilée qu'avait lieu la première, l'inoubliable ren­contre de la plupart des apôtres avec leur Maître. C'est là qu'ils l'avaient tout d'abord entendu et suivi et qu'ils lui avaient donné leur cœur. Maintenant que leur foi a été soumise à une dure épreuve --où ils ont été trouvés défi­cients - il leur sera bon de se replonger dans l'ambiance galiléenne, d'y retrouver Jésus, d'y retrouver aussi la fraîcheur et la joie de la première rencontre et d'y renou­veler leur acte de foi et d'obéissance. Cela est vrai de nous aussi. Il y a une Galilée dans la vie de la plupart d'entre nous, (nous pensons surtout aux lecteurs de ces lignes).

Une Galilée : c'est-à-dire un moment, déjà peut-être loin­tain, où nous avons rencontré Jésus personnellement et où, pour la première fois, nous l'avons écouté, nous avons essayé de le suivre. Beaucoup de péchés, d'oubli, de négli­gence nous ont peut-être, par la suite, séparés du Sei­gneur. A l'heure de la crise décisive, nous avons, comme les Apôtres, peut-être abandonné le Maître. A nous aus­si Jésus ressuscité fixe un rendez-vous en Galilée. Il nous demande de faire revivre en nous le souvenir et la ferveur de la première rencontre. Si nous essayons de redevenir tels que nous étions alors, nous le retrouverons lui-même.

Ne disons pas: «C'est trop difficile». Car il nous prépare­ ra la route: «Il vous précède en Galilée...». Invisible et présent, il marche devant nous vers cette Galilée de l'âme ; si nous le suivons, chaque pas nous deviendra plus facile, et un moment viendra où, sinon par les yeux du corps, du moins par les yeux de la foi et de l'amour, nous atteindrons une certitude inébranlable de sa Présence : «Là vous le verrez... ».

A la place d'épître, nous continuons, à la liturgie, la lecture du livre des Actes. Nous lisons aujourd'hui (Actes, 6:1-7) le récit de l'institution des sept premiers diacres. Ils sont choisis pour assurer le «service quotidien», la dis­tribution des secours matériels et pour permettre aux
apôtres de se donner «à la prière et au service de la paro­le». Cet épisode contient un double enseignement. D'une part, il est nécessaire que le «service des tables» soit ré­gulièrement organisé dans la communauté chrétienne. Une Eglise qui ignorerait les besoins matériels des hommes et qui ne s'efforcerait pas d'être secourable ne peut pas être l'authentique Eglise de Jésus-Christ. D'autre part l'Evan­gile ne se réduit pas à la philanthropie ; l'apostolat ne doit pas devenir une simple as$tance sociale: «Il ne sied pas que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux ta­bles». Dans notre condition humaine, nous ne pouvons l'chapper à cette division du travail : tel sera appelé à la l'ontemplation, tel autre à l'apostolat, tel autre aux œuvres de miséricorde.

Un seul est à la fois capable de multiplier les pains et de prêcher sur la montagne, de laver les pieds des convives et de leur adresser le discours après la cène, et celui-là seul, infiniment au-dessus de tous les apôtres et de tous les diacres, est la perfection et la plénitude de l'Eglise. Aux heures où nous ne savons comment conci­lliés les exigences des «œuvres extérieures» et celles de la Parole divine - soit écoutée, soit annoncée - lui seul, si nous le consultons, nous indiquera dans quelles justes proportions il nous faut joindre l'obéissance de Marthe et cel­le de Marie.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

This is great info to know.

10 novembre, 2008 12:08  

Enregistrer un commentaire

<< Home