28 avril 2007

Dimanche du Paralytique

Jean 5, 1-15


1 Après cela, il y eut une fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem.
2 Or, à Jérusalem, près de la porte des brebis, il y a une piscine qui s'appelle en hébreu Béthesda, et qui a cinq portiques.
3 Sous ces portiques étaient couchés en grand nombre des malades, des aveugles, des boiteux, des paralytiques, qui attendaient le mouvement de l'eau;
4 car un ange descendait de temps en temps dans la piscine, et agitait l'eau; et celui qui y descendait le premier après que l'eau avait été agitée était guéri, quelle que fût sa maladie.
5 Là se trouvait un homme malade depuis trente-huit ans.
6 Jésus, l'ayant vu couché, et sachant qu'il était malade depuis longtemps, lui dit: Veux-tu être guéri?
7 Le malade lui répondit: Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans la piscine quand l'eau est agitée, et, pendant que j'y vais, un autre descend avant moi.
8 Lève-toi, lui dit Jésus, prends ton lit, et marche.
9 Aussitôt cet homme fut guéri; il prit son lit, et marcha.
10 C'était un jour de sabbat. Les Juifs dirent donc à celui qui avait été guéri: C'est le sabbat; il ne t'est pas permis d'emporter ton lit.
11 Il leur répondit: Celui qui m'a guéri m'a dit: Prends ton lit, et marche.
12 Ils lui demandèrent: Qui est l'homme qui t'a dit: Prends ton lit, et marche?
13 Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c'était; car Jésus avait disparu de la foule qui était en ce lieu.
14 Depuis, Jésus le trouva dans le temple, et lui dit: Voici, tu as été guéri; ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire.
15 Cet homme s'en alla, et annonça aux Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri.



Un moine de l’Eglise d’occident

Chers frères et sœurs,

Le Christ est Réssuscité !Le passage d’évangile que nous venons d’entendre s’accorde parfaitement avec le temps pascal que nous sommes en train de vivre, outre les résonances baptismales qui y sont clairement évoquées nous assistons là à un évènement purement « résurectionnel ».
Commentant cette péricope, Saint Jean Chrysostome (dans sa 36ème homélie sur St Jean) nous parle en ces termes de la guérison liée au baptême :« Qu'est-ce que ce mode de guérison ! Il y a là un mystère : on nous décrit comme en figure les choses de l'avenir.
Le baptême, qui devait être donné plus tard, ce baptême qui lave toutes les souillures et fait revivre les morts, est évoqué par l'image de la piscine.

Dieu a donné d'abord l'eau, qui lave les souillures du corps ; et dans l'ancienne Loi beaucoup de purifications se faisaient par l'eau. Pour nous faire approcher davantage du baptême, l'eau ici lave même les maladies; et c'est un ange qui descend mettre l'eau en mouvement et lui donne la vertu de guérir, pour faire comprendre que le Seigneur des Anges pourra mieux encore guérir les maladies de l'âme.

Car ce n'est pas par une vertu naturelle que cette eau guérissait ; mais elle guérissait par l'intervention de l'ange.

De même pour nous dans le baptême : l'eau enlève les péchés après qu'elle ait reçu la grâce de l'Esprit.Une multitude d'infirmes gisait là ; mais leur infirmité même les empêchait d'entrer dans l'eau pour être guéris. A présent, chacun peut approcher et nous ne pouvons plus dire « un autre descend avant moi ; car même si le monde entier venait, la grâce ne serait pas épuisée. »Le Christ aurait pu ne pas aller à Béthesda car dans ce lieu la religion était souvent mêlée de magie et l’on y vénérait autant YAHVE que le dieu grec de la guérison. Or Jésus a tenu justement à témoigner de la miséricorde de Dieu au bord de cette piscine où les malheureux ; pour garder espoir ; se contentait d’un amalgame de croyances et de superstitions. Une fois encore c’est Jésus qui prend l’initiative de la rencontre ; non seulement l’homme ne demande rien, mais il s’en retournera guéri sans même - dans un premier temps - avoir su le nom de son guérisseur.« Veux-tu être guéri ? » demande le Christ ; et « comme c’est souvent le cas dans l'Evangile de Saint Jean » l'homme se méprend d’abord sur ces paroles.

Pour lui, être guéri supposerait une triple chance : d'abord que l'eau bouillonne ; qu'il soit présent à ce moment là et enfin qu'il trouve quelqu'un pour le plonger dans l'eau.« Guérir n'est pas pour moi » pense l'homme, et pourtant il revient depuis des années sans se résigner, sans se décourager sans renoncer à l'espérance.
Le « Veux-tu être guéri » nous est aussi adressé par le Christ, et nous devons comprendre par là « Veux-tu que je te guérisse, tout de suite et chaque jour ? ». Si le Christ nous guérit alors ce n'est plus une question de chance, mais une question de foi et il nous suffit d'obéir aux trois ordres donnés « lève toi », « prends ton grabat » et « marche ».« Lève toi ! » nous dit le Seigneur... Alors qu'il serait si facile d'entrer dans la tentation de se faire porter par nos semblables, d'imposer aux autres le poids de nos misères et de notre inertie! Ne succombons pas à la facilité de nous installer dans nos paralysies spirituelles !

C'est pour nous tout un programme de vie ; il nous faut quitter le grabat, signe de la paralysie de l'impuissance et de la dépendance et accepter de vivre debout, vulnérables certes, mais restaurés dans notre dignité et notre autonomie d'être libre.« Prendre son grabat » c'est avoir la certitude de notre guérison. Tout comme le paralytique nous n'aurons plus à revenir auprès de la piscine, nous n'aurons plus à en vouloir à notre prochain de n'avoir pas été là au bon moment. Renonçons à nous faire porter sans laisser aucune trace de notre infirmité dans notre entourage.
Mais « marchons » ; mettons en œuvre la nouvelle liberté, la nouvelle santé spirituelle que le Christ nous donne. Marchons et témoignons que Dieu opère des miracles dans notre quotidien - même le jour du Sabbat - ; Lui qui non seulement nous donne la vie mais nous accueille dans la Vie Eternelle.L'infirmité et le grabat du paralytique nous évoquent bien évidemment la Croix et le Tombeau du Christ, en tant que lieu ou objet de souffrance et d'inertie mais ils sont garants d'une nouvelle vie, ils sont garants de la Résurrection.

N'ayons donc pas peur quand surviendront toutes ces petites morts physiques et spirituelles qui font immanquablement partie de notre condition humaine ; pour autant que notre cœur soit toute écoute à Dieu elles ne seront que tremplins et occasions de rencontres avec le Seigneur ; nous préparant ainsi d' ores ‘. c;léjà à la communion plénière avec Lui dans un face à face éternel.Pour être guéris par le Christ sur la route de notre propre Exode; pour être des témoins vivants de Sa résurrection; il nous suffit de faire, avec la force qu'II donne à ceux qui la lui demande, ces trois choses toutes simples que nous avons trop tendance à croire impossibles : Nous lever à Son appel, Emporter une bonne fois pour toutes les tristesses de notre passé,Marcher:avec la certitude d'être aimés par Celui qui s'est fait homme pour nous sauver !
Amen !

Homélie d'un moine de l'église d'orient


Ce dimanche est dédié à la commémora­tion d'un miracle qui appartient historiquement aux pre­miers temps du ministère de Jésus. Mais l'Eglise médite aujourd'hui sur lui parce qu'il est un des «très grands» miracles (si toutefois il est permis de distinguer entre des miracles majeurs et mineurs) : nous voulons dire que, par la gravité du mal qui est guéri, par la longue durée de la maladie, par les circonstances qui entourent la gué­rison, le miracle opéré en faveur du paralytique témoi­gne, d'une manière particulièrement impressionnante, de l'autorité du Sauveur sur le corps humain. «0 Christ, Dieu compatissant, tu es venu guérir le malade», chante l'Eglise aux vêpres de ce dimanche, le samedi soir. Or ce pouvoir guérisseur de Jésus est intimement lié à la Ré­surrection : celle-ci proclame que Celui qui peut vaincre la mort dans sa propre chair a pouvoir sur toute chair humaine. Notre Seigneur peut guérir le paralytique, par­ce que lui-même peut ressusciter. Et c'est pourquoi la commémoraison de cette guérison peut, sinon chronolo­giquement, du moins spirituellement, trouver place dans le temps pascal.

Le récit de la guérison du paralytique est lu à la li­turgie, comme évangile du dimanche (Jean, 5:1-15). A Jérusalem, près de la piscine de Bethesda, Jésus voit une foule de malades et d'infirmes qui attendent que l'eau soit agitée par un «ange du Seigneur» : ce phénomène se produisait à certains intervalles, et le premier malade qui descendait alors dans la piscine était guéri. Panni ces malades se trouve un homme souffrant de paralysie de­puis trente-huit ans. Jésus lui demande s'il veut être guéri. Il répond qu'il n'a personne pour le faire descen­dre dans la piscine et qu'il est toujours devancé par quel­que autre. Jésus lui dit : «Lève-toi, prends ton grabat et marche». L'homme est immédiatement guéri. Les Juifs protestent, parce que cette guérison a été opérée le jour du sabbat. Jésus retrouve l'homme dans le Temple et lui dit : «Ne pèche plus: il t'arriverait pire encore».

La signification immédiate de cet évangile est la puissance souveraine de Jésus sur la maladie. Secondairement l'évangile fait allusion au lien entre le mal physiqen et le péché : il n'est pas dit clairement que cet homme a été infirme parce qu'il a péché, mais Jésus déclare qu'il a péché et que, s'il pèche encore, une conséquence encore plus terrible se produira. Comme nous devrions être reconnaissants de ce que Dieu, dans sa miséricorde, ne laisse pas toujours nos péchés répétés avoir des répercussions douloureuses sur notre corps ! Enfin l'évangile d'aujour­d'hui suggère un certain rapport entre deux ordres des choses. D'une part, il y a cette descente périodique et attendue de l'ange dans la piscine, ce mouvement des caux, cette possibilité de guérison à celui qui descend le premier. D'autre part, il y a la guérison immédiate d'un homme, opérée par Jésus lui-même, sans descente dans l'eau. On pourrait dire que le premier type de guérison correspond à l'élément «institutionnel» dans l'Eglise, aux divers canaux de grâce (sacrements, rites, sacerdoce, discipline, etc.) que la communauté chrétienne met à la disposition de tous ses membres et qu'il serait aussi dangereux qu'impie de nier ou de sous-estimer. Le deuxième type de guérison correspond au contact direct, sans intermédiaire, de l'âme avec son Sauveur: il serait également dangereux et impie de nier ou de sous-estimer la possibilité de ce contact. Si saintes et si utiles que soient les institutions ecclésiastiques, aucune institution n'est, à strictement parler, indispensable, puisque le Scigneur peut, lorsqu'il le juge bon, agir sur les hommes en se passant d'elles.


Les réalités spirituelles ne sont pas limitées à leurs signes extérieurs. La réalité importe infiniment plus que le signe.


C'est encore une section des Actes des A potres (9 :32-42) que nous lisons aujourd'hui au lieu d'épître. Deux miracles sont opérés par Pierre. Passant à Lydda, Il guérit un homme nommé Eneas, paralysé depuis huit ans. Puis, à Joppé, il rcssuscite une femme appelée Tabitha Dorcas, dont la vie avait été riche en bonnes œuvres. L'un et l'autre appartenaient à la communauté chrétienne. Ce passage du livre des Actes s'harmonise profondément avec l'évangile de ce dimanche. La guérison d'Eneas for­me un parallèle à celle du paralytique de l'évangile; non seulement l'infirmité est identique, mais Pierre prononce des paroles semblables à celles de Jésus: «Lève-toi et fais ton lit». La Résurrection de Tabitha rentre bien dans le cadre du temps pascal : toute résurrection humai­ne est un effet et une application particulière de la Ré­surrection du Christ.


L'épître et l'évangile d'aujourd'hui se rejoignent dans leur insistance sur la guérison des malades. Dans les chants des vêpres, hier samedi soir, l'Eglise rappelait les trois cas de la femme cananéenne, du serviteur du cen­turion de Capharnaûm et du paralytique de Bethesda. «Tu as eu pitié... Tu ne t'es pas recusé... C'est pourquoi nous t'implorons, ô Dieu tout puissant et crions: gloire à toi». Nous entrerons dans l'esprit de l'Eglise en priant parti­culièrement Notre-Seigneur, en ce dimanche, de secourir les malades et les infirmes.






Archiprêtre Marc-Antoine Costa de Beauregard



La puissance de la Résurrection donne la vie et la santé de l’âme et du corps


1. Certains pensent qu’il n’y a plus de miracles : faux ! Passer de la tristesse à la joie (« Réjouissez-vous ! » dit le Ressuscité), de l’incroyance à la foi (Thomas) sont des miracles. Miracles quotidiens : la réconciliation des frères en discorde, l’absolution des péchés, le baptême, la sainte eucharistie. De nombreux miracles (résurrection, guérison, conversion) sont accomplis par la prière des saints (au 20° siècle par exemple Callinique de Cernica, Jean de Kronstadt, Nectaire d’Egine, etc.). Le miracle n’est pas une magie : il est l’action créatrice et miséricordieuse du Seigneur. Dieu peut tout et Il est souverainement libre !


2. Soit le Seigneur accorde ce qui est demandé ; soit Il exauce de façon différente, selon sa volonté souveraine (« que ta volonté soit faite ! ») ; soit Il est empêché d’agir par nos péchés : nous ne faisons pas sa volonté, comment lui demander de faire la nôtre ? Le miracle est cohérence et norme de la vie en Dieu.


3. Vrai : le pouvoir de la Résurrection (guérir, ressusciter les morts, pardonner) appartient au Christ et à son Eglise : tout baptisé jouit de ce pouvoir en tant que membre du Corps du Christ ; d’où notre prière. Mais glorifions Dieu avant de lui présenter notre demande, ce que nous enseigne le Christ (Jean 11, 41-43). Remercier d’abord de qu’Il voudra accomplir est notre acte souverain de foi en lui !