23 décembre 2006

Les Pères et la Théophanie

De l'Ancien Testament au Nouveau Testament : préparation et transmission


De saint Irénée de Lyon (IIe siècle)


« Jésus-Christ a eu comme précurseur Jean-Baptiste, dont la mission a été de préparer et de former le peuple à la réception du Verbe de vie. Et Jean-Baptiste a déclaré que le Christ était celui-là même sur lequel reposa l'Esprit de Dieu uni à son corps. »
(La prédication des apôtres et ses preuves 41 )


De saint Ephrem le Syrien - ou de Nisibe (IVe siècle)

«Le Christ, lui, est le commencement du Nouveau Testament. Par le baptême, le seigneur a revêtu la justice de l'Ancien Testament, pour recevoir la perfection de l'onction et la donner pleinement et intégralement à ses disciples ; car, en même temps, il a mis fin au baptême de Jean et à la loi. Il fut baptisé dans la justice, parce qu'il était sans péché, mais il a baptisé dans la grâce, parce que les autres hommes étaient pêcheurs. (...)

Accomplissons toute justice. Jean était à la porte du bercail où était rassemblé dans l'unité le troupeau des Israélites ; Notre Seigneur y pénétra non par sa puissance, mais par sa justice. L'Esprit qui reposa sur lui pendant son baptême attesta qu'il était le pasteur et, par l'intermédiaire de Jean, Jésus reçut la prophétie et le sacerdoce. Il avait déjà reçu la royauté de la maison de David en naissant de la maison de David; il reçut le sacerdoce de la maison de Lévi par la seconde naissance que lui conférait le baptême du fils d'Aaron. Qui croit à sa seconde naissance dans le monde, ne peut douter qu'elle lui a donné, avec le baptême de Jean, son sacerdoce. Beaucoup furent baptisés ce jour-là, mais l'Esprit ne descendit et ne se reposa que sur un seul, pour distinguer par un signe celui qui, par son apparence, ne se distinguait pas des autres hommes. Et parce que l'Esprit était descendu dans son baptême, l'Esprit fut donné par son baptême. »
(Commentaire de l'Evangile concordant ou Diatessaron, chapitre IV, 2 et 3)


De saint Grégoire de Nazianze (ou le Théologien) (IVe siècle)

«Le baptême fut donné par Moïse, mais dans l'eau et avant lui, dans la nuée et dans la mer. Ce n'étaient là que symboles - et c'est la pensée de saint Paul- la mer figurant l'eau; la nuée l'Esprit Saint; la manne, le pain de vie ; la boisson, le breuvage divin. Il lui fut aussi conféré par Jean, et non plus suivant la loi judaïque; car Jean ne baptisa pas seulement dans l'eau mais aussi en vue du repentir; mais ce n'étaient pas là encore un baptême tout à fait spirituel; d'ailleurs il n'ajoutait pas la formule « dans l'Esprit ».

Jésus baptisa aussi, mais dans l'Esprit. Voilà la perfection. Et comment ne serait-il pas Dieu (...) celui grâce auquel tu deviens Dieu toi aussi ? Je sais qu'il existe aussi une quatrième sorte de baptême, celui du martyre et du sang et qui dépasse d'autant plus les autres en valeur qu'il ne peut plus être terni par aucune souillure. J'en connais encore un cinquième, celui des larmes, il est plus pénible que le précédent car chaque nuit il inonde de pleurs sa couche ou son grabat ; grâce à lui les meurtrissures du vice exhalent leur odeur nauséabonde ; il s'avance dans le deuil et la tristesse ; il imite le repentir de Manassé et l'humilité des Ninivites qui furent pardonnés ; il parle le langage du publicain dans le temple et se voit justifié à l'encontre du pharisien orgueilleux ; il se prosterne comme la Cananéenne, implore fa miséricorde et mendie des miettes de pain, nourriture des chiens affamés. »
(Discours XXXIX)

« Il est trois espèces de nativités reconnues par les Ecritures ; la première est corporelle, la deuxième vient du baptême et la troisième procède de la résurrection. La première est entachée de nuit, d'esclavage et de concupiscence ; la deuxième est éclairée de lumière et parée de liberté, elle nous délivre des sentiments pervers, arrachant tout ce voile qui nous entoure dès la naissance et nous conduisant vers la vie surnaturelle; la dernière est à la fois plus redoutable et plus brève ; elle rassemble en un instant toute la création humaine autour de son créateur pour lui rendre compte de son esclavage terrestre et de sa vie passée, qu'elle ait écouté les injonctions de la chair ou que, fidèle aux inspirations de l'Esprit, elle se soit détachée de la terre pour monter et honorer la grâce de la Rédemption ; toutes ces formes de nativité, il est bien évident que mon Christ les a honorées. ; la première, par cette insufflation primordiale qui inaugure la vie physique; la deuxième par son Incarnation et le Baptême qu'il se conféra lui-même ; la troisième par l'Ascension qu'il avait lui-même prédite; ( .. .) »­
(Discours XL)


Action et présence du Saint-Esprit

De saint Cyrille de Jérusalem (IV e siècle)
« Lorsque, baigné dans les eaux du Jourdain, et leur ayant communiqué les effluves de sa divinité, le Christ en fut remonté, le Saint Esprit fit en personne irruption sur lui, le semblable se reposant sur son semblable. De même, remontés de la cuve aux saintes eaux, vous reçûtes la chrismation, la marque dont fut chrismé le Christ. Or cette chrismation est l'Esprit Saint. » (Catéchèse baptismale XXI, IVe siècle)


De saint Ambroise de Milan (IV e siècle)

« Et voilà que l'Esprit-Saint descendit comme une colombe. Ce n'est pas une colombe qui descendit, mais comme une colombe. Souviens-toi de ce que j'ai dit : le Christ a pris une chair, non pas comme une chair, mais la réalité de cette chair, le Christ a vraiment pris chair, tandis que l'Esprit-Saint descendit du ciel sous l'apparence d'une colombe ; non pas la réalité d'une colombe, mais sous l'apparence d'une colombe : Jean vit donc et il crut. »
(Des sacrements, I, 17)




Sa manifestation au monde



De saint Jean Chrysostome (IVe siècle)

« C'est par le baptême et non par la naissance que le Sauveur s'est fait connaître de tous (. . . ) Donc, on appelle Manifestation de Dieu (Théophanie) non pas le jour où le Seigneur est né, mais le jour où il a été baptisé. »
(Homélie XXXVII sur le baptême)


Du Christ à nous

De saint Ambroise de Milan (IVe siècle)

« Le Seigneur a donc été baptisé : Il voulait non pas être purifié mais purifier les eaux, afin que, lavées par la chair du Christ qui n'a pas connu le péché, elles eussent le pouvoir de baptiser. Ainsi quiconque vient au bain du Christ y laisse ses péchés. (…) il m'a donné à moi pauvre, il m'a donné à moi indigent la grâce que je n'avais pas auparavant : sa justice demeure donc à jamais. Qu'est-­ce que la justice, sinon d'entreprendre le premier ce que vous voulez que fasse autrui et d'encourager les autres par votre exemple ? Qu'est-ce que la justice, sinon qu'ayant pris chair, loin d'écarter comme étant Dieu la sensibilité ou les servitudes de la chair, Il triomphât de la chair comme homme pour m'enseigner à en triompher? » .
(Traité sur1 'Evangile de saint Luc, II, 83 et 90)