28 avril 2007

Dimanche de la Samaritaine

Jean 4, 5-42


5 il arriva dans une ville de Samarie, nommée Sychar, près du champ que Jacob avait donné à Joseph, son fils.
6 Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué du voyage, était assis au bord du puits. C'était environ la sixième heure.
7 Une femme de Samarie vint puiser de l'eau. Jésus lui dit: Donne-moi à boire.
8 Car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres.
9 La femme samaritaine lui dit: Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine? -Les Juifs, en effet, n'ont pas de relations avec les Samaritains. -
10 Jésus lui répondit: Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: Donne-moi à boire! tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il t'aurait donné de l'eau vive.
11 Seigneur, lui dit la femme, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond; d'où aurais-tu donc cette eau vive?
12 Es-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux?
13 Jésus lui répondit: Quiconque boit de cette eau aura encore soif;
14 mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.
15 La femme lui dit: Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n'aie plus soif, et que je ne vienne plus puiser ici.
16 Va, lui dit Jésus, appelle ton mari, et viens ici.
17 La femme répondit: Je n'ai point de mari. Jésus lui dit: Tu as eu raison de dire: Je n'ai point de mari.
18 Car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari. En cela tu as dit vrai. 19 Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es prophète.
20 Nos pères ont adoré sur cette montagne; et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem.
21 Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père.
22 Vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
23 Mais l'heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande.
24 Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité.
25 La femme lui dit: Je sais que le Messie doit venir (celui qu'on appelle Christ); quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses.
26 Jésus lui dit: Je le suis, moi qui te parle.
27 Là-dessus arrivèrent ses disciples, qui furent étonnés de ce qu'il parlait avec une femme. Toutefois aucun ne dit: Que demandes-tu? ou: De quoi parles-tu avec elle?
28 Alors la femme, ayant laissé sa cruche, s'en alla dans la ville, et dit aux gens:
29 Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait; ne serait-ce point le Christ?
30 Ils sortirent de la ville, et ils vinrent vers lui.
31 Pendant ce temps, les disciples le pressaient de manger, disant: Rabbi, mange.
32 Mais il leur dit: J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas.
33 Les disciples se disaient donc les uns aux autres: Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger?
34 Jésus leur dit: Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé, et d'accomplir son oeuvre.
35 Ne dites-vous pas qu'il y a encore quatre mois jusqu'à la moisson? Voici, je vous le dis, levez les yeux, et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson.
36 Celui qui moissonne reçoit un salaire, et amasse des fruits pour la vie éternelle, afin que celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble.
37 Car en ceci ce qu'on dit est vrai: Autre est celui qui sème, et autre celui qui moissonne.
38 Je vous ai envoyés moissonner ce que vous n'avez pas travaillé; d'autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail.
39 Plusieurs Samaritains de cette ville crurent en Jésus à cause de cette déclaration formelle de la femme: Il m'a dit tout ce que j'ai fait.
40 Aussi, quand les Samaritains vinrent le trouver, ils le prièrent de rester auprès d'eux. Et il resta là deux jours.
41 Un beaucoup plus grand nombre crurent à cause de sa parole;
42 et ils disaient à la femme: Ce n'est plus à cause de ce que tu as dit que nous croyons; car nous l'avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu'il est vraiment le Sauveur du monde.








Méditation d'un moine orthodoxe de l'Eglise d'occident


Chers frères et sœurs ; Christ est ressuscité !

L’Evangile d’aujourd’hui est à la fois plein d’humanité et plein de divinité.
Plein d’humanité car nous y voyons le Christ fatigué au milieu de la journée, en plein soleil de midi ; fatigué comme il nous arrive de l’être par notre route, par nos chemins de vie respectifs.
Le Christ étant fatigué, qu’a-t-il fait ? Il s’est assis près de la source, tout simplement ; alors qu’en tant que Fils de Dieu il aurait pu aisément continuer ; non, rien de cela. Il a pris le temps de s’arrêter.
Là où nous rejoignons tout le côté divin de cet Evangile, c’est qu’en fait le Christ ne s’arrête pas pour Lui, mais pour nous ; pour que dans sa faiblesse apparente nous puissions plus facilement le rejoindre ainsi par nos défaillances (comme l’a fait la samaritaine), sans honte, sans angoisse, sans avoir peur d’être rejetés ou condamnés par Lui. Et non seulement nous pouvons rejoindre le Christ de cette manière, mais à l’inverse, par le fait qu’Il se soit incarné, cela Lui donne d’aller à notre rencontre et de participer à notre faiblesse, donc de compatir et de nous comprendre au-delà de ce que nous pouvons imaginer.
Comme nous le dit St Jean dans son prologue : « Le Verbe S’est fait chair et Il a habité parmi nous » ; comprenons bien par là que Jésus s’est toujours révélé dans l’Evangile par des miracles et des révélations partants souvent de ces nécessités les plus élémentaires de la condition humaine pour nous acheminer vers des réalités plus élevées, vers des réalités plus spirituelles, vers des réalités divines.

Le dialogue qu’Il entame avec la samaritaine part donc d’un des besoins les plus vitaux de l’humanité, à savoir la soif ; cette soif qui peut nous tarauder et s’avérer obsédante tant au niveau physique qu’au niveau existentiel ; cette soif qui bien au-delà d’une sensation et d’une nécessité, s’avère être un moyen visant à nous régénérer ; un moyen et non un but :
le but étant la vie par excellence.

Le Christ le dit d’ailleurs de manière explicite à la samaritaine quand Il lui demande d’étancher Sa soif: « Si tu savais le don de Dieu et qui est Celui qui te dit ‘donne moi à boire’ c’est toi qui Lui demanderais ! Et Il te donnerait l’eau vive ».
Il ne lui parle pas de l’eau tout court, mais de l’eau vive.
Ainsi, quand Dieu paraît nous demander quelque chose, c’est en réalité qu’Il se propose de tout nous donner, de nous donner la vie et de nous la donner en abondance, pourvu que nous sachions être coopérants !

Si ce n’est déjà fait, il se pourra que par faiblesse, paresse ou lâcheté nous soyons tentés par moments d’aller nous abreuver de fluides plus enivrants et ô combien plus nocifs que l’eau vive promise par le Christ ; mais bien vite nous conscientiserons que notre soif ne sera pas étanchée et, tel le fils prodigue il nous suffira de revenir avec humilité vers l’Eglise.
Oui ; vers l’Eglise. Car qu’est l’Eglise sinon cette source vive qui nous permet de puiser et de nous rassasier en abondance ?
En l’Eglise nous sommes sûrs de trouver l’eau vive dont le Christ a annoncé les prémices à la samaritaine, et tout comme cette dernière nous serons amenés à aller puiser à la source ; parfois par des temps de sécheresse intérieure intense, parfois par des temps plus cléments. Toujours est-il que cela nous demandera certes un effort : aller au puit, prendre les dispositions nécessaires pour recevoir et contenir l’eau vive, prendre la peine de la puiser…et surtout ; par respect pour Celui qui nous la donne ; de veiller à ne pas la répandre inutilement sur notre chemin !

En conclusion ; puisque nous avons l’assurance que la source ne se tarira jamais et que l’eau vive nous sera donnée en abondance, n’ayons de cesse de la demander et d’en user à bon escient; nous serons alors à l’école de la samaritaine ; cette sainte femme de qui l’âme s’est trouvée remplie de la grâce céleste et de l’enseignement du Sauveur. Cette sainte femme qui après sa rencontre avec le Christ s’est vue refaçonnée par la foi en embrassant aussitôt l’Amour divin et en annonçant la bonne nouvelle autour d’elle : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » ! Amen !