Les Pères et la Nativité
I - « Il a ressuscité l'homme déchu»
De saint Irénée de Lyon (IIe siècle) :
«C'est ainsi qu'il opérait glorieusement notre salut, qu'il accomplissait la promesse faite à nos pères et qu'il réparait l'antique désobéissance. Le Fils de Dieu devint donc fils de David et fils d'Abraham; car il a accompli la promesse, en récapitulant tout en lui pour nous rendre la vie. Le Verbe de Dieu s'est fait chair, grâce à la Vierge, afin de détruire la mort et de rendre la vie à l'homme. Car avant sa venue, nous étions dans les liens du péché, (...) »
(La prédication des apôtres et ses preuves, 37)
De saint Grégoire de Nazianze (IVe siècle) :
« Voilà la solennité que nous célébrons aujourd'hui: l'arrivée de Dieu chez les hommes, pour nous allions à Dieu ou plutôt -ce qui est plus exact-, pour que nous revenions à Lui; afin que, ayant dépouillé le vieil homme, nous revêtions le nouveau et, de même que nous sommes morts en Adam, ainsi nous vivions dans le Christ, nous naissions avec Lui, nous soyons crucifiés avec Lui, nous soyons ensevelis avec Lui, nous ressuscitions avec Lui. Car il me faut subir cette magnifique conversion ( . . .) »
(Extrait du Discours 38, prononcé le 25 décembre 380 à Constantinople)
De saint Ambroise de Milan (IVe siècle) :
« L'étoile est visible pour eux (les mages), mais invisible où est Hérode; où est le Christ, elle est de nouveau visible et leur montre la voie. Donc cette étoile est la voie; et la voie, c'est le Christ (Jn 14, 6) ; c'est que, dans le mystère de l'Incarnation, le Christ est l'étoile: car «.une étoile s'élèvera de Jacob, et un homme surgira d'Israël» (Nombr 24, 17). Aussi bien, où est le Christ, l'étoile est aussi; car Il est « l'étoile brillante du matin» (Apo 22, 16) ; c'est donc par sa propre clarté qu'il se signale.
(. ..) Par un chemin les mages sont venus, par U1l autre ils s'en retournent; car
après avoir vu le Christ, compris le Christ, ils repartent à coup sûr meilleurs qu'ils n'étaient venus. Il y a en fait deux voies, l'une qui mène à la mort, l'autre qui mène au Royaume; celle-là est celle des pécheurs, qui conduit à Hérode; celle-ci est le Christ, et par elle on retourne à la patrie: car ici-bas ce n'est qu'un exil passager, ainsi est écrit: «Mon âme a été longtemps exilée» (ps 119, 6). Gardons-nous donc d'Hérode, de celui qui détient pour un temps le pouvoir de ce monde, afin de conquérir une demeure éternelle dans la patrie céleste. »
(Traité sur l'Evangile de saint Luc, livre II, 45-46)
De saint Ephrem le Syrien (IVe siècle) :
« De fait, Marie donna naissance sans le concours d'un homme. De même qu'à l'origine, Eve est née d'Adam sans qu'il y ait eu rencontre charnelle, ainsi en est-il de Joseph et de Marie, la vierge son épouse. Eve mit au monde le meurtrier Caïn, Marie le Vivificateur. Celle-là mit au monde celui qui répandit le sang de son frère, celle-ci celui dont le sang fut répandu par ses frères. Celle-là vit celui qui tremblait et s'enfuyait à cause de la malédiction de la terre; celle-ci celui qui, ayant assumé la malédiction, la cloua sur la croix.
La conception de la vierge nous enseigne que celui qui, sans lien charnel, a mis au monde Adam en le faisant sortir de la terre vierge, a aussi formé sans lien charnel le second Adam dans le sein de la vierge. Le premier Adam était retourné dans le sein de sa mère; par ce second Adam, qui n'y retourna pas, celui qui était enseveli dans le sein de sa mère en fut retiré. »
(Commentaire de l'Evangile concordant ou Diatessaron) 2,2
II -La glorification de l'homme, la divinisation
De saint Athanase d'Alexandrie (IVe siècle) :
« Oui, le Verbe n'a pas été diminué en prenant un corps pour rechercher un don: il a plutôt divinisé ce qu'il a revêtu, et il a fait ce don de plus au genre humain. (...) Et la gloire du Père, c'est que l'homme né et perdu soit retrouvé, que mort, il soit vivifié et devienne Temple de Dieu. »
(Traités contre les ariens, I, 42)
De saint Hilaire de Poitiers (IVe siècle) :
« Car si Dieu est né dans l'homme, ce n'est pas pour cesser d'être Dieu, mais pour que, tout en demeurant Dieu, l'homme naisse en Dieu. En effet il s'appelle encore: «Emmanuel », ce qui signifie: «Dieu avec nous» : ainsi, il ne s'agit pas d'une évaporation de Dieu dans l'homme, mais d'une montée de l'homme en Dieu. En d'autres termes, lorsque le Christ demande à être glorifié, il ne vise pas le profit que pourrait en retirer sa nature divine, mais celui de l'humble nature qu'il a prise sur Lui: car il demande la gloire qu'il avait près de Dieu, avant la création du monde. » (Jn 17, 5).
(La Trinité, livre X, 7)
De saint Léon le Grand (Ve siècle) :
« Il est donc le même Fils de Dieu dans l'une ou l'autre nature, assumant ce qui nous appartient et ne se dessaisissant pas de ce qui lui est propre, renouvelant l'homme dans l'homme assumé, tout en demeurant en lui-même immuablement. ( . . .) « Le Verbe s'est fait chair» ne signifie pas que la nature de Dieu se soit changée en chair, mais bien que la chair ait été prise par le Verbe pour être assumée dans l'unité de la personne; et, par ce mot de chair, il faut comprendre tout l'homme auquel le Fils de Dieu s'est uni dans le sein de la Vierge, (...) ; il
s'est uni à l'homme si étroitement que lui, qui avait été engendré de l'essence du Père en dehors du temps, est né aussi dans le temps du sein de la Vierge. Nous n'aurions pu, en effet, être délivrés des liens de la mort éternelle si ne s'était fait humble dans notre condition, celui qui demeurait tout-puissant dans la sienne. »
(Vlle sermon pour Noël)
III - «Jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous» (Gal 4, 19)
De saint Grégoire de Nysse (IVe siècle) :
« Car l'enfant qui est né en nous, Jésus, croît différemment en sagesse, en âge et en grâce en ceux qui l'ont reçu. Il n'est pas le même en tous, mais se conforme à la mesure de celui en qui il vient. »
(3e homélie sur le Cantique des cantiques)
De saint Macaire le Grand (IVe siècle) :
«De même que Dieu a créé le ciel et la terre pour que l'homme y habite, ainsi at-il créé le corps et l'âme de l'homme pour qu'ils soient sa propre demeure, pour qu'il habite et repose dans le corps, comme dans sa propre maison, ayant pour épouse pleine de beauté l'âme bien-aimée, faite à son image (...) »
(Homélies spirituelles 49,4)
De saint Nicolas Cabasilas (XIV e siècle) :
« Le premier acte d'amour était que Dieu descendit sur la terre, le second qu'il nous en fit monter; le premier était qu'il se fit homme, le second que l'homme fût fait Dieu; (...) En effet, comme il ne nous était pas possible de mont&er pour partager sa condition, c'est lui qui est descendu vers nous pour avoir part à la nôtre; et il s'est uni si étroitement à ce qu'il a pris qu'au moyen de cela même qu'il nous a pris, c'est lui-même qu'il nous communique, (...)
Mais si ce qui fait les enfants, c'est d'avoir en commun la chair et le sang, il apparaît que nous recevons par la sainte Table une parenté plus étroite avec le Sauveur que par la nature avec nos propres parents. En outre, une fois qu'il nous a donné la vie et constitués, il ne nous a pas quittés comme eUx, mais il nous est toujours présent et uni, et c'est par sa présence même qu'il nous donne la vie et nous constitue. »
(La vie en Christ IV, 26 et IV, 46)
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