10 juin 2007

Laissant leur barque et leur père

Mathieu 4, 18-23

18 Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient un filet dans la mer; car ils étaient pêcheurs.
19 Il leur dit: Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes.
20 Aussitôt, ils laissèrent les filets, et le suivirent.
21 De là étant allé plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui étaient dans une barque avec Zébédée, leur père, et qui réparaient leurs filets.
22 Il les appela, et aussitôt ils laissèrent la barque et leur père, et le suivirent.
23 Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple.









Méditation d'un moine orthodoxe de l'Eglise d'occident


Chers frères et sœurs !

L’Evangile d’aujourd’hui fait retentir dans nos vies ; et donc dans nos cœurs l’appel que le Christ lance à chacun de nous.
Comme nous venons de l’entendre pour les premiers disciples ; l’appel du Christ se fait de manière simple et radicale à la fois :
Il passe ; Il prend le temps de s’arrêter, Il invite à venir à Sa suite et demande de tout laisser ; ainsi que l’on fait André, Pierre, Jacques et Jean.
Car en effet ; quand le Christ nous appelle, quand nous répondons à cet appel, cela présuppose de notre part l’acceptation joyeuse et librement consentie de certaines ruptures, qu’elles soient d’ordre matériel, affectif voire même d’ordre spirituel.

Les premiers apôtres ont quitté leurs filets, leurs barques, leurs familles respectives ; ils ont expérimenté là une rupture avec leurs métiers, leurs habitudes, avec une certaine forme de sécurité à laquelle ils étaient habitués et ont dû accepter de rentrer dans une dimension d’imprévu ; tout cela pour suivre le Christ, par Son simple appel.

Par définition, suivre le Christ c’est pour nous comme pour les apôtres, marcher à Sa suite, aller là où Il va et nous conduit, travailler là où Il œuvre, accueillir ceux qu’Il accueille ; en bref chercher ce qu’Il cherche, c'est-à-dire à faire la volonté du Père.

Mais si le Christ amène dans nos vies certaines de ces ruptures dont nous venons de parler ; Il s’occupe, Lui, de la continuité ; dans le sens où Il nous demandera souvent une transposition de toutes nos actions ; tels ces apôtres qui de simples pêcheurs sont devenus par volonté divine des pêcheurs d’hommes ; c'est-à-dire que nos capacités se feront « service » mais à un niveau tout autre qui est celui du Royaume de Dieu en nous et autour de nous.
C’est dire si rien de notre passé ne sera perdu ou annihilé, non ! Mais pourtant il nous faudra dans une certaine mesure tout réapprendre mais de manière toujours plus spirituelle pour notre propre sanctification et donc par extension pour la sanctification de notre temps, pour la sanctification du monde.

N’est-ce pas cela justement qu’ont vécu nos saints et saintes locaux ; dont l’usage liturgique veut que nous célébrions la mémoire en ce deuxième dimanche après la Pentecôte ? Certes oui !
Comment ne pas les évoquer ? Nos esprits et nos cœurs se tournent tout naturellement vers Ste Geneviève, sainte patronne et protectrice de notre capitale ; Sainte Radegonde qui fût à la fois épouse, reine de France et moniale ; Blandine de Lyon, sans oublier les saints Germain et Denis de Paris, Rémi de Reims, Hilaire de Poitiers, Césaire d’Arles, Vincent de Lérins, Irénée de Lyon… pour ne citer que les plus connus !
Soyons par ailleurs conscients de la grâce qui nous est donné par le fait que certains des saints qui ont œuvré à la sanctification de la terre où nous vivons n’en étaient pas moins issus d’horizons divers : tel St Martin de Tours originaire de Hongrie ; ou bien encore St Grégoire l’Ibère (fondateur de la paroisse géorgienne de Paris qui a achevé sa course terrestre en tant que martyr dans les camps de concentrations) ; plus récemment St Alexis d’Ugine tout droit venu de Russie comme les autres Saints de notre Archevêché : St Dimitri, Ste Marie et les saints Georges et Elie. Et que dire alors de Saint Jean Cassien qui illustre bien la vocation « œcuménique » (dans le sens pur du terme) de notre patrimoine spirituel ; lui qui, moine de Palestine a de par sa vie su faire la liaison entre ces grands centres de la chrétienté que sont Antioche, Alexandrie, Constantinople et Rome ; tout en oeuvrant pour le rayonnement du monachisme en occident à partir de la Provence !

C’est donc ce riche patrimoine (dont nous devons être avant tout les humbles mais fidèles garants) que nous devons faire fructifier, conserver et perpétuer de sorte que, pour reprendre les paroles du Père Lev Gillet :
« Aux yeux de ceux qui découvrent en nous l’Orthodoxie ; ce mot devienne synonyme de deux grandes choses :
- Croire en Jésus-Christ
- Vivre en Jésus-Christ » Amen !




Méditation d'un moine de l'Eglise d'orient

Le deuxième dimanche après la Pentecôte nous mon­tre l'application pratique de ce grand appel au renonce­ment formulé par Jésus dans l'évangile du premier di­manche. L'évangile lu aujourd'hui à la liturgie raconte la vocation des premiers apôtres. Jésus, au bord du lac de Galilée, voit Simon et André qui pê­chent. Il leur dit : «Suivez-moi». Il veut les faire pêcheurs d'hommes. «Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivi­rent». Plus loin Jésus rencontre Jacques et Jean, des pê­cheurs eux aussi, en compagnie de leur père Zébédée. Jé­sus les appelle. «Aussitôt, laissant leur barque et leur pè­re, ils le suivirent». Les nouveaux disciples ont abandon­né leurs filets et leurs barques : Jésus nous demande par­fois de renoncer à notre profession, à nos instruments de travail, à ce que nous possédons. Mais des fils, à l'appel de Jésus, abandonnent aussi leur père : Jésus veut par­fois que nous renoncions aux affections familiales, aux amitiés humaines, à l'amour créé. Ce n'est pas là une at­titude purement négative. L'appel de Jésus a un aspect très positif : il faut suivre le Maître. Mais les premiers apôtres n'auraient pu suivre le Maître s'ils n'avaient d'abord quitté et leur barques, et leurs filets, et leur pè­re. Et moi, qu'ai-je quitté pour suivre Jésus? Que veut- il que je quitte?


L'épître (Romains 2 :10-16) traite des thèmes de la loi et de la foi que nous continuerons à considérer les di­manches suivants. Aujourd'hui nous entendons Saint Paul comparer la condition des Juifs et des Gentils par rapport à la loi. Les Juifs ont reçu la loi ; ils seront jugés par elle.
Mais les Gentils, qui ignorent la loi mosaïque, ne sont ce­pendant pas sans loi. «Quand les païens privés de la loi accomplissent naturellement les prescriptions de la loi, ces hommes, sans posséder de loi, se tiennent à eux-mêmes lieu de loi, ils montrent la réalité de cette loi inscrite en leur cœur...». D'ailleurs, ce qui importe, ce n'est pas d'en­tendre la loi, mais de l'accomplir. «Ce ne sont pas les au­diteurs de la loi qui sont justes devant Dieu, mais les observateurs de la loi qui seront justifiés». C'est pourquoi l'apôtre rend hommage à quiconque fait le bien, quelle que
soit (comme on dirait aujourd'hui) sa «persuasion» ou «dénomination» : «Gloire, honneur et paix à quiconque fait le bien, au juif d'abord, puis au Grec». Paul résout ce problème avec une grande largeur d'esprit. Nous pouvons appliquer ce qu'il dit des grecs et des païens à ceux qui ne
connaissent pas l'Evangile du Christ. Ils seront jugés selon la mesure de leur fidélité à la lumière intérieure qui leur a été donnée. Ils ont une loi à laquelle leur conscience rend témoignage. Ne nous hâtons donc pas d'exclure du royaume de Dieu ceux qui ne partagent pas notre foi, et ne pensons pas que notre foi puisse nous dispenser de faire le bien. Remercions plutôt Dieu de ne laisser aucun homme dans des ténèbres complètes ; examinons-nous nous-mêmes sur notre fidélité à la lumière.