25 février 2007

1er dimanche de carême : Toi, suis moi

Jean I, 43-51



43 Le lendemain, Jésus voulut se rendre en Galilée, et il rencontra Philippe. Il lui dit : Suis-moi.
44 Philippe était de Bethsaïda, de la ville d'André et de Pierre.
45 Philippe rencontra Nathanaël, et lui dit : Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé, Jésus de Nazareth, fils de Joseph.
46 Nathanaël lui dit: Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? Philippe lui répondit : Viens, et vois.
47 Jésus, voyant venir à lui Nathanaël, dit de lui : Voici vraiment un Israélite, dans lequel il n'y a point de fraude.
48 D'où me connais-tu ? lui dit Nathanaël. Jésus lui répondit : Avant que Philippe t'appelât, quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu.
49 Nathanaël répondit et lui dit : Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël.
50 Jésus lui répondit : Parce que je t'ai dit que je t'ai vu sous le figuier, tu crois; tu verras de plus grandes choses que celles-ci.
51 Et il lui dit : En vérité, en vérité, vous verrez désormais le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l'homme.


Un moine de l'Eglise d'occident


Chers frères et sœurs !

« Toi, suis moi» : ces paroles du Christ que nous venons d'entendre sont adressées autant à Philippe qu'à chacun d'entre nous. Pourvu que nous soyons capables à l'exemple de Nathanaël de Lui répondre sans hésitations ni détours "Tu es le Fils de Dieu !"

Mais qu'est-ce que suivre le Christ ? Comment le suivre de nos jours, dans notre monde actuel, tels que nous sommes ?
Des éléments de réponse à ces questions nous sont données par la tradition de l'Eglise qui nous propose de réciter au quotidien durant les quarante jours de Carême la prière de St Ephrem le Syrien ; prière qui s'avère être un véritable « repère, une "balise" pour notre vie chrétienne :

« Seigneur et maitre de ma vie ;
éloigne de moi l'esprit de paresse d'abattement, de domination et de vaines paroles
mais donne moi un esprit
d'intégrité, d'humilité, de patience et d'amour ;
à moi ton serviteur.
Oui Seigneur et roi, donne moi de voir mes fautes
Et de ne pas juger mon frère
Car tu es béni dans les siècles des siècles."

Suivre le Christ c'est en effet Le reconnaitre avant tout comme MaÎtre de notre vie.
En Le reconnaissant comme tel nous devons lui demander de toutes nos forces la grâce de ne pas succomber à la paresse, à l'abattement, à la domination ni aux vains bavardages ce qui pourrait nous éloigner de Lui et nous plonger dans les ténèbres.
Mais en conscientisant notre péché, en ne tombant pas dans le jugement nous acquerrons ainsi un esprit intègre, humble, patient et aimant afin de nous faire tout à Lui.
Note vie n'en sera qu'illuminée et, pour reprendre la parole de St Séraphin de Sarov à son disciple Motovllov, la paix du cœur sera nôtre, des milliers autour de nous trouverons le salut et le monde se transfigurera.


Suivre le Christ c'est aussi savoir confesser notre foi comme cela a été fait lors de la proclamation de la légitimité du culte des saintes images à la suite de la crise iconoclaste évènement que nous commémorons aujourd'hui dans l'Eglise.

Cette crise iconoclaste suscita pendant plus d'un siècle des vagues successives de violences et de persécutions au sein de l'Eglise opposant deux conceptions différentes du culte des images l'une -erronée- prétextant que ce culte relevait de l'hérésie parce que les icônes étant matérielles elles séparaient ou confondaient les natures divine et humaine du Christ.
D'un autre côté, la conception ratifiée et proclamée par l'Eglise grâce à Saint Jean Damascène qui s'est fait l'apôtre de cette noble cause. A savoir que les icônes sont des signes visibles de la sanctification de la matière rendue possible par l'Incarnation du Christ.
C'est lors du concile de Nicée Il en 787 que l'iconoclasme fut condamné comme hérésie ; le culte des saintes images fut restauré et sa valeur spirituelle réaffirmée sans toutefois la confondre avec l'adoration qui n'est due à Dieu seul.







Le Père Lev Gillet de bienheureuse mémoire nous dit au sujet de l'icône qu'elle "n'est pas une représentation ni une ressemblance : mais qu'elle suggère et exprime." Il ajoute par ailleurs que " l'icône n'est pas adorée comme le sont les Trois Personnes divines ; elle est vénérée. honorée; qu'elle a une valeur d'enseignement en ce sens qu'elle offre à notre méditation des exemples,des modèles ; dont notre action peut s'inspirer. L'icône a plus qu'une valeur pédagogique; elle devient un objet sacré. un lieu de rencontre entre Dieu et l'homme; car quel que soit le thème d'une icône; que ce soit la personne du Christ. ou la Mère de Dieu.ou un ange. ou un saint. ou un épisode biblique; toute icône est un rayon de l'unique lumière de Dieu. elle est un aspect particulier de la présence divine. Dieu lui-même est le terme final auquel chaque icône se réfère".

Remarquons que par la vénération de l'icône notre sens du toucher est mis en éveil et donne ainsi à notre corps de pouvoir participer à la prière ; d'en devenir l'instrument. Vénérer une icône c'est quelque part vénérer le Christ lui-même ainsi que l'on fait avec une sainte et saine audace certaines femmes de l'évangile : telles les Myrrophores étreignant les pieds du Christ réssuscité ; ou la pécheresse repentante versant de l'huile parfumée sur son Sauveur ou bien encore l'hémoroïsse qui par un simple toucher -ou plus exactement un frôlement- su retenir l'attention du Christ et obtenir ainsi la guérison de son mal.

C'est dire l'importance de la vénération ! Importance non-moins grande aussi que celle des iconographes ; qui ont reçu de Dieu un don inestimable relevant vraiment de la vocation.
Celui qui peint - ou « écrit» une Icône pour employer le terme adéquat- est porteur d'une mission cruciale dans l'Eglise car il nous fait bénéficier ce qu'il a lui-même reçu d'un enseignement pluri-séculaire qui s'est forgé au fil de tant de générations. Chacun d'eux ayant son style propre bien que répondant aux canons iconographiques fixés par l'Eglise ; bel exemple d'unité dans la diversité.

Pour l'Iconographe, la réalisation de chaque icône est un combat spirituel ; nécessitant au préalable jeûne et prière dans le but de se libérer de son égo, de s'effacer et se faire de la sorte malléable à ce que Dieu s'apprête à lui transmettre pour Sa Gloire et le service de l'Eglise. C'est dire si c'est le doigt même de Dieu qui est à l'œuvre dans toute écriture d'Icône quand on pense que chacune d'elle est vraiment un acte à Son image, c'est à dire créateur et unique.
C'est pourquoi j'ose avancer que notre paroisse a quant à elle une vocation particulière de soutien priant envers les Iconographes... Certains d'entre eux ont été « engendrés» par notre communauté; ainsi Mère Johanna qui dans des conditions de pauvreté extrême persévère dans sa vocation de monlale­iconographe à Jérusalem; ou encore l'atelier St Joseph dirigé par Hélène Bléré qui a activement participé cette semaine à l'exposition rencontre qui a eu lieu à St Serge.

Chers frères et sœurs ; pour reprendre ce qui a été lu dans l'épître que nous venons d'entendre ; si nous voulons vivre notre christianisme dans le monde moderne (souvent hostile à tout ce qui relève de la foi) nous serons semblables à Moïse et David qui ont souffert, ainsi qu'à tous ceux qui ont vécu des persécutions de toutes sortes; mals dont la foi a vaincu le monde. Alors à leur suite tout au long de notre vie tendons d'ores et déjà avec la grâce de Dieu à devenir des icônes vivantes dignes de ce nom. Ce carême qui commence nous y aidera ; qu'II nous soit fécond spirituellement pour que nous puissions faire nôtre cette prière: « Seigneur je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et je serai guéri !"

Amen !