03 décembre 2004

Les Mages

Les Mages sont très différents des bergers : ce sont des hommes de science, très cultivés; ils ont dû accomplir un long voyage pour découvrir l'enfant nouveau-né et aboutir ainsi à la connaissance véritable du vrai Dieu.

Certains textes liturgiques les appellent les Perses. Dans ce cas, les Perses désignent des sages sachant lire dans les étoiles, des astrologues, des adeptes des religions orientales anciennes, ennemies de Byzance. Ils venaient de Perse, de Syrie ou de Mésopotamie.

Dans l'icône canonique de la Nativité, les Mages sont toujours en voyage, soit à cheval, soit à pied. Ils sont au nombre de trois, représentant les trois âges de la vie: un jeune homme imberbe, un homme mûr portant barbe et cheveux châtains et un vieillard à barbe blanche. L'iconographie des premiers siècles met l'accent sur l'origine perse des mages par leur costume particulier: bonnet phrygien, courte tunique bariolée et pantalons collants. Plus tard ils furent vêtus de grands manteaux, d'une sorte de coiffe ou d'une couronne.
Les mages entraînent l'évocation de Balaam, que l'on peut considérer comme leur ancêtre. Balaam était un devin, étranger à Israël. Au lieu de maudire Israël, à la demande du roi de Moab, Balaq, il fut poussé par Yahvé, à prononcer trois bénédictions sur Israël, puis il prophétisa en ces termes: « Oracle de Balaam...Oracle de celui qui écoute les paroles de Dieu, de celui qui sait la science du Très-Haut...Je le vois - mais non pour maintenant, je l'aperçois - mais non de près: un astre issu de Jacob devient chef, un sceptre se lève, issu d'Israël. » (Nombres 24, 15-17)

D'autres textes de l'Ancien Testament nous annoncent les mages, comme celui extrait du psaume 71, 10 : « Les rois de Tarsis et des Îles lui offriront des présents, les rois d'Arabie et de Saba lui feront des offrandes. » Le prophète Isaïe dit: « [Jérusalem] tu seras radieuse, car vers toi afflueront les trésors de la mer, les richesses des nations arriveront chez toi. Des dromadaires de Madiân et d'Épha. Des multitudes de chameaux te couvriront, tous ceux de Saba viendront, apportant de l'or et l'encens, et chantant les louanges du Seigneur. » (Is 60, 5-6)
A partir du XIe siècle, on trouve les premières inscriptions du nom des Mages sur les représentations orientales. Plus tard ils seront désignés comme « Les Mages ».

Leurs noms, cités d'après l'Évangile de l'enfance arménien, sont: Melqon ou Melchior le roi de Perse, Gaspar ou Caspar le roi d'Arabie et Balthasar, le roi de l'Inde.

Les présents qu'ils offrent à l'Enfant sont figurés par des vases ou des boîtes fermées. L'évangile de Matthieu nous dit ce que contiennent leurs cassettes: « Entrant alors dans le logis, ils virent l'Enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage; puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Après quoi, avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays. » (Mt 2, 11-12) Leurs offrandes dévoilent la qualité exceptionnelle du nouveau-né, la royauté de l'Enfant. Dans l'interprétation classique, selon saint Irénée, l'or est destiné au roi des siècles, l'encens au Dieu de toutes choses et la myrrhe à l'Immortel, homme mort de trois jours2. Selon saint Ephrem le Syrien, l'or revient au roi, l'encens au prêtre et la myrrhe au médecin.

Voici comment saint Grégoire Palamas décrit les présents des rois mages: « Et les mages se prosternèrent, présentant de l'or, de l'encens et de la myrrhe à Celui qui par la mort, - dont la myrrhe était le symbole, - nous a gratifiés de la vie divine, - dont l'encens était une image, - et de la divine illumination, - que représentait l'or offert au dispensateur de la gloire éternelle. »3
Les Mages étaient trois sages venus de l'Orient, ils symbolisent l'humanité païenne qui ignore encore la révélation biblique. Un parallèle peut s'établir entre les mages et les « peuples », personnifiés par le roi Cosmos, figurant dans la partie basse de l'icône de la Pentecôte. Leur présence dans l'icône de la Nativité signifie que l'Ëglise reçoit et sanctifie toute la science humaine, pourvue qu'elle soit orientée vers la lumière véritable, le Christ.

Il convient d'opérer une distinction entre le Voyage des Mages et l'Adoration des Mages.
Le Voyage des Mages fait partie intégrante de l'icône de la Nativité. Il s'appuie sur des récits apocryphes expliquant la présence des Mages auprès de la crèche, miraculeusement avertis par un ange (le même qui avait apporté son repas-à Daniel dans la fosse aux lions) Ce «voyage », à cheval ou à pied, fait partie du schéma de la Nativité dans les manuscrits à partir du IXe siècle et dans les icônes et les fresques à partir du XIe siècle.

Les icônes représentent le voyage et l'arrivée des Mages (quelquefois leur adoration), alors que dans les peintures murales, leur voyage peut se décomposer en scènes plus nombreuses: les Mages contemplant l'étoile, leur voyage à pied ou à cheval, leur arrivée à Jérusalem et devant Hérode, l'adoration de l'Enfant, leur rêve et leur départ.


Le thème de l'Adoration des Mages apparaît dès le troisième siècle. Il met l'accent sur l'accueil réservé au Sauveur par l'humanité. (Adoration des Mages sur l'arc triomphal de Sainte-Marie-Majeure à Rome, 431) Il faut voir dans cette scène l'hommage rendu par toutes les nations au Dieu qu'elles viennent de reconnaître. Cette scène renvoie à des représentations antiques de l'hommage dû à l'empereur, au cours duquel les porteurs d'offrandes avancent en file indienne vers le trône impérial. «La représentation paléochrétienne de l'Adoration des Mages était une transposition de la représentation antique de l'hommage des nations vaincues à l'empereur, et montrait plutôt l'aspect divin de l'Incarnation (une étoile au dessus de la tête de l'empereur signifiait sa divinité) tandis que l'aspect « naissance humaine» n'y était pas mis en évidence; c'est-à-dire que cette formule pouvait facilement être acceptée par les anostiaues ou les monophysites. »

La composition canonique de l'icône de la Nativité proclame l'humanité du Christ, alors, que selon saint Jean Chrysostome, « les hommages qu'on lui rend prouvent sa divinité. » « La nativité fut une théophanie cachée; il ny a donc pas de place pour l'adoration sur l'icône de la Nativité, que ce soit celle manifestée par la Vierge, comme sur les monuments occidentaux, ou par les bergers ou les Mages."

GNOSE. GNOSTIQUE: Syncrétisme religieux qui se répandit dans les derniers siècles de l'Antiquité et qui prétendait donner accès à la connaissance suprême.

MONOPHYSISME: Hérésie christologique, condamnée au Ve siècle, qui ne voyait en Christ qu'une seule nature, la divinité, revêtue d'une apparence d'humanité.