01 janvier 2006

Circoncision de N.S Jésus Christ




Mémoire de St Basile le Grand

St Luc VIII 26-39


26 Ils abordèrent dans le pays des Géraséniens, qui est vis-à-vis de la Galilée.
27 Lorsque Jésus fut descendu à terre, il vint au-devant de lui un homme de la ville, qui était possédé de plusieurs démons. Depuis longtemps il ne portait point de vêtement, et avait sa demeure non dans une maison, mais dans les sépulcres.
28 Ayant vu Jésus, il poussa un cri, se jeta à ses pieds, et dit d'une voix forte: Qu'y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très Haut? Je t'en supplie, ne me tourmente pas.
29 Car Jésus commandait à l'esprit impur de sortir de cet homme, dont il s'était emparé depuis longtemps; on le gardait lié de chaînes et les fers aux pieds, mais il rompait les liens, et il était entraîné par le démon dans les déserts.
30 Jésus lui demanda: Quel est ton nom? Légion, répondit-il. Car plusieurs démons étaient entrés en lui.
31 Et ils priaient instamment Jésus de ne pas leur ordonner d'aller dans l'abîme.
32 Il y avait là, dans la montagne, un grand troupeau de pourceaux qui paissaient. Et les démons supplièrent Jésus de leur permettre d'entrer dans ces pourceaux. Il le leur permit.
33 Les démons sortirent de cet homme, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita des pentes escarpées dans le lac, et se noya.
34 Ceux qui les faisaient paître, voyant ce qui était arrivé, s'enfuirent, et répandirent la nouvelle dans la ville et dans les campagnes.
35 Les gens allèrent voir ce qui était arrivé. Ils vinrent auprès de Jésus, et ils trouvèrent l'homme de qui étaient sortis les démons, assis à ses pieds, vêtu, et dans son bon sens; et ils furent saisis de frayeur.
36 Ceux qui avaient vu ce qui s'était passé leur racontèrent comment le démoniaque avait été guéri.
37 Tous les habitants du pays des Géraséniens prièrent Jésus de s'éloigner d'eux, car ils étaient saisis d'une grande crainte. Jésus monta dans la barque, et s'en retourna.
38 L'homme de qui étaient sortis les démons lui demandait la permission de rester avec lui. Mais Jésus le renvoya, en disant:
39 Retourne dans ta maison, et raconte tout ce que Dieu t'a fait. Il s'en alla, et publia par toute la ville tout ce que Jésus avait fait pour lui.




Méditation d'un moine de l'Eglise d'occident

Chers frères et sœurs en Christ !

Double grâce aujourd'hui que celle de commémorer d'une part la circoncision du Seigneur et d'autre part de faire mémoire de Saint Basile le Grand ! Double grâce car double part d'un enseignement riche pour nos vies spirituelles.

Il y a quelques jours nous avons célébré la fête de la Nativité du Seigneur ; autrement dit son incarnation ; et c'est pour être fidèle à cette incarnation que le Christ - par humilité - s'est laissé circoncire dans la chair, comme il est d'usage dans la tradition hébraïque ; Lui le «Fils unique de Dieu engendré par la Père avant tous les siècles».

La circoncision était pour tout nouveau-né mâle le signe de l'alliance perpétuelle avec Dieu selon le précepte adressé par Dieu lui-même à Abraham dans le livre de la Genèse (au chapÎtre XVII) : «Que tout mâle parmi vous soit circoncis, et que ce soit le signe de l'Alliance entre Moi et vous»

Le Christ a donc été circoncis comme véritable fils d'Abraham ; il a été nommé Jésus en tant que Fils de Dieu, et l'on peut dire que c'est avec raison que « l'enfant qui nous est né » (Is.IX-5) est appelé sauveur au moment même où il est circoncis, car en versant pour nous ce sang pur, il commence à oeuvrer pour notre salut.

Il a été circoncis pour le même motif qu'il est né, pour le même motif qu'il a souffert ; n'ayant rien fait pour Lui-même mais pour tous ses élus.

Très tôt dans l'histoire de l'Eglise la question de la préservation de cet usage rituel s'est posée : Fallait-il ou non imposer les observances de la loi juive (à commencer par la circoncision) aux païens qui se convertissaient ?

La communauté chrétienne se divisa profondément à ce sujet... C'est Saint Paul qui joua un rôle déterminant dans cette crise qui fut conclue par le bien-fondé de sa position : à savoir qu'il serait contraire à la nature même du salut d'imposer aux chrétiens venus du paganisme les prescriptions de la loi juive, car c'est la foi qui sauve et non la loi.

Dans l'épître aux Colossiens (chapitreII verset 11) l'Apôtre nous donne tout le sens spirituel de la fête que nous célébrons aujourd'hui : «Dans le Christ, vous avez été circoncis vous aussi, mais d'une circoncision qui n'est pas faite de main d'homme et consiste à vous dépouiller de votre corps de chair : c'est la circoncision du Christ. »

Et les deux versets suivants (versets 12 et 13) de ce même chapitre nous préparent d'ores et déjà à la fête de la Théophanie: « Car vous avez été ensevelis avec le Christ dans le baptême, et là vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la puissance de Dieu qui a ressuscité le Christ d'entre les morts. Alors que vous étiez morts par vos péchés et l'incirconcision de votre chair, Il vous a fait revivre avec Lui, vous pardonnant tous vos péchés. »

Et puis nous fêtons également aujourd'hui l'un des Trois Saints Docteurs de l'Eglise ; Saint Basile le Grand ; Archevêque de Césarée en Cappadoce ; un homme de réflexion, d'action et un grand administrateur.

Face à la crise arienne et à l'issue du Concile de Nicée c'est lui qui fixa la voie à suivre de manière à la fois prudente et précise.
Il a su également mettre en lumière -et surtout en pratique- les grands thèmes sociaux de l'égalité foncière des hommes dans la crainte de Dieu ; de l'éminente dignité de la personne humaine et du service social auquel sont astreints les riches et l'autorité politique.

Il y aurait tant à dire sur lui ! Retenons principalement qu'il est l'auteur entre autres d'une règle monastique communautaire et de traités dogmatiques.
Notamment son traité sur le Saint Esprit où il défend la consubstantialité du Fils et de l'Esprit avec le Père ; en affirmant clairement la divinité de l'Esprit Saint et en soulignant son rôle de sanctification : « L'esprit Saint est vraiment le lieu des saints et le saint est pour l'Esprit un lieu propre s'offrant lui-même pour habiter avec Dieu. Aussi le nomme-t-il son temple. »
« Par le Saint Esprit les cœurs s'élèvent, les faibles sont conduits par la main, les progressants deviennent parfaits. C'est lui qui en illuminant ceux qui se sont purifiés de toute souillure, les rend spirituels par communion avec lui. »

Chers frères et sœurs ; en ce tout début d'année civile -premier jour liturgiquement très riche- nous sommes à bonne école pour commencer à sanctifier cette nouvelle année.
Alors à nous de « circoncire» notre cœur et de l'ouvrir quand nous prierons ensemble tout à l'heure lors du canon eucharistique avec comme « support » les prières composées par Saint Basile; prières qui sont une véritable théologie du salut.

Que le Seigneur vous accompagne et vous guide tout au long de cet an de grâce 2006 afin que d'un seul cœur, d'une même voix et «dans un même esprit nous confessions le Père le Fils et le Saint Esprit».

Amen !