25 septembre 2007

Le grand commandement



St MATTHIEU 22 ; 35-46

35 Les pharisiens, ayant appris qu'il avait réduit au silence les sadducéens, se rassemblèrent,
36 et l'un d'eux, docteur de la loi, lui fit cette question, pour l'éprouver :
37 Maître, quel est le plus grand commandement de la loi?
38 Jésus lui répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée.
39 C'est le premier et le plus grand commandement.
40 Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
41 De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.
42 Comme les pharisiens étaient assemblés, Jésus les interrogea,
43 en disant: Que pensez-vous du Christ? De qui est-il fils? Ils lui répondirent: De David.
44 Et Jésus leur dit: Comment donc David, animé par l'Esprit, l'appelle-t-il Seigneur, lorsqu'il dit:
45 Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, Jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied?
46 Si donc David l'appelle Seigneur, comment est-il son fils?




Homélie d'un moine de l'Eglise d'occident




L’évangile du 15e dimanche après la Pentecôte comprend deux parties très distinctes.
Tout d'abord, un avocat ou scribe s'approche de Jésus et, pour l'éprouver, lui demande quel est le grand commandement de la loi. Jésus répond: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton Esprit : voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable: tu aimeras ton prochain comme toi-même». Jésus ajoute: « De ces deux commandements dépendent toute la loi et les Pro­phétes ».

« Tu aimeras... ». Ce précepte découle de la nature même de Dieu. « Dieu est amour» [ 1 Jean 4 : 8 ] : c'est pourquoi nous devons aimer. C'est en aimant que nous irons dans le sens même de la vie et que nous imiterons Dieu selon notre faible mesure. Nous aimerons Dieu, ce qui signifie que nous aimerons l'amour, - «le Seigneur ton Dieu ». Ce Seigneur-amour, ce Dieu-amour, n'est pas un sentiment impersonnel ou une entité métaphysique. C’est une personne vivante qui communique libéralement à toute créature sa vie d'amour; il est une émotion d’amour qui se propage à partir d'un cœur infiniment ai­mant. Si aimer Dieu signifie aimer l'amour, il semble que rien ne soit aussi simple et aussi facile que le grand commandement. Oui, d'un certain point de vue, aimer Dieu est simple et facile : mais ce qui est requis de nous, c'est un amour total, c'est aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit, et ce mot tout mar­que la difficulté et en quelque sorte l'héroïsme d'un tel amour. Car il s'agit de retrancher tout ce qui est contrai­re ou même étranger à Dieu, de lui consacrer notre être sans réserve, de n'admettre en nous que ce qui peut être Intégré dans son amour et sanctifié par celui-ci. Dieu de­mande notre cœur : en hébreu comme en grec, le mot
« coeur n'a pas toutes les implications sentimentales qu'il reçoit dans les langues modernes, mais il désigne la partie la plus noble de la personne humaine, le siège de l'intellect et de la volonté. Dieu demande notre âme: le mot hé­breu est ici plus profond et plus riche que le terme que nous employons, car il désigne à la fois l'âme, la vie et le sang, de sorte que, pour Jésus et ses auditeurs juifs, aimer Dieu « de toute son âme » suggérait déjà, quoi­qu'obscurément, l'immolation et le sacrifice. Dieu de­mande notre esprit, notre pensée : notre logique humaine, notre science, notre culture doivent être transfigurées en lui. C'est là le premier et le grand commandement: Jésus insiste sur la priorité de l'amour envers Dieu. L'amour de Dieu et l'amour du prochain ne peuvent pas être mis sur pied d'égalité : l'amour du prochain découle de l'amour de Dieu. Cet amour de Dieu est la source ; ainsi se trouve condamné et rejeté tout humanitarisme. Mais Jésus, s'il n'identifie pas les deux amours, proclame que l'amour du prochain est un commandement qui « est semblable» au précepte d'aimer Dieu, et c'est en rapprochant ainsi les deux commandements qu'il se montre, par rapport à la loi juive, innovateur et suprêmement original. Il l'est en­core par sa conception nouvelle du mot « prochain ». La tradition juive restreignait l'application de ce mot aux Juifs et aux prosélytes, tandis que Jésus, comme le mon­trera la parabole du bon Samaritain, donne au même mot une extension illimitée. L'amour du prochain, tel que Jésus le commande, n'est pas moins totalitaire que l'amour de Dieu: il s'agit d'aimer le prochain 'comme soi-même, et ce mot comme nous fait mesurer toute la difficulté du commandement.
En ajoutant que de ces deux commandements dépen­dent toute la loi et les prophètes, en faisant de l'amour l'essence même de la vie divine et de la vie humaine, Jésus dépasse d'une manière décisive toute la tradition juive. Et il nous donne un critère pour mesurer à chaque instant notre vie spirituelle (nous pourrions dire : pour prendre notre température spirituelle). Il suffit de nous

Demander : en admettant telle pensée, en prononçant telle parole, en faisant tel acte, puis-je sincèrement, humblement dire que j'aime Dieu de tout mon cœur et mon prochain comme moi-même ?
Dans la seconde partie de l'évangile de ce dimanche, Jésus demande aux Pharisiens ce qu'ils pensent du Christ
et de sa filiation. Si le Messie est, comme ils disent, fils de
David, comment David peut-il, dans le psaume 110, l'ap­peler «Seigneur» ? Les docteurs sont réduits au si­lence et n'osent plus interroger Jésus. Notre Seigneur prend assez souvent la même attitude à notre égard, quand nous nous approchons de lui dans la méditation et la priè­re intime. Souvent il nous pose des questions ou soulève des difficultés qu'il semble laisser sans solution, parce qu'Il attend que nous-mêmes, allant jusqu'à la conclusion logique de notre pensée aidée par la grâce, trouvions la solution qu'il n'a pas exprimée. Dans le cas présent, les
Pharisiens n'osent pas tirer la conclusion et dire que le Messie est fils, non seulement de David, mais de Dieu, et ils préfèrent ne plus rien demander à Jésus. Ce ne sera pas notre attitude; même lorsque les questions (généralement d'ordre pratique et impliquant de notre part une dé­cision posées par Jésus nous gênent, nous ne nous réfugierons pas dans un silence boudeur ou révolté; mais nous essaierons loyalement de répondre, sans soustraire nos plaies secrètes à la pleine lumière du Sauveur.
L’épître de ce dimanche (2 Corinthiens 4: 6-15) exprime d’une manière poignante les épreuves souvent si douloureuses que comporte le ministère apostolique, et aussi l’espérance qui n'abandonne jamais l'apôtre: «...ce trésor, nous le portons en des vases d'argile... Nous som­mes pressés de toutes parts, mais non pas écrasés; ne sachant qu’espérer, mais non désespérés; persécutés, mais non abandonnés; terrassés mais non annihilés...».
Certains mots de l'épître conviennent non seulement
A la vie de Paul ou d’un apôtre, mais à toute vie donnéeaux hommes pour Jésus.-Christ : « ... Nous portons par­tout et toujours en notre corps les souffrances de mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre corps... Nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus... Ainsi la mort fait son œuvre en nous et la vie en vous». Il ne s'agit pas seulement ici du suprême sacrifice des martyrs, mais aussi de ce sacrifice qui trouve son expression dans les « petites» (mais sou­vent en même temps si grandes) choses pratiques de la vie et qui peut être renouvelé chaque jour.

10 septembre 2007

Exaltation de la Croix




La crucifixion - Galerie Tretakov - Moscou
de Maitre Dionisi - mort entre 1503 et 1508 - fut l'artiste le plus célèbre de la fin du XVe siècle. Maître Denis porta le nouveau style de l'école de Moscou à son plus haut dégré de perfection. Ses figures gracieuses et légèrement arquées, caractéristisées par les traits délicats du visage et de petits yeux entreouverts, semblent tout entières à l'écoute d'une voix intérieure ou d'une musique céléste. L'unité de la composition est assurée par le rythme des contours et des couleurs, dont les tonalités raffinées se détachent sur les fonds d'or, et par l'équilibre parfait entre l'oeuvre et son emplacement dans l'espace.





L'Icone de la crucifixion - Une théologie de la vision de Paul Evdokimov

Le cri retentit sur la Croix: « Père, pourquoi m'as-tu aban­donné », veut dire que l'Esprit n'unit plus le Fils au Père; le « Dona­teur de Vie » abandonne le Fils comme le Père l'a abandonné, L'Es­prit Saint devient la Souffrance ineffable où les Trois s'unissent. Le Père se prive du Fils et le Fils passe comme en un instant d'éternité pour l'infini divin de la solitude. L'Esprit Saint, amour réciproque du Père et du Fils, s'offre en sacrifice, s'approprie à sa manière la Croix afin de devenir « la puissance invincible de la Croix »...

« Le Père est l'Amour qui crucifie, le Fils est l'Amour crucifié, l'Esprit Saint est la puissance invincible de la Croix »
Sur la Croix le Christ a assumé la mortalité même. La puissance de la mort est dans son autonomie, mais le Christ donne sa mort au Père, et c'est pourquoi en Christ c'est la mort qui meurt : « par la mort il a vaincu la mort ». Dès lors aucun homme ne meurt plus seul, le Christ meurt avec lui pour le ressusciter avec lui.

Vers le XIe siècle, à Byzance, sur les icônes, au Christ vêtu d'une tunique à manches courtes, vivant, les yeux ouverts et se tenant droit sur la croix, héritage transmis de Palestine, de Syrie et de Cappadoce, se substitue le Christ nu et mort, la tête inclinée et le corps légèrement fléchi. Le corps est nu, sauf un linge blanc qui couvre ses hanches ; par l'élégance de ses plis, il ajoute à la beauté de la ligne. Les yeux fermés indiquent la vraie mort, et, en même temps, le visage, incliné vers la Théotokos, traduit plutôt un profond sommeil, ce qui transmet la vérité dogmatique: l'incorruptibilité du corps dans la mort: « La vie s'est endormie et l'enfer frémit d'épouvante ». (Quelquefois on voit le jet de sang qui fut un signe de vie persistante : «le sang et l'eau ont coulé chauds du corps du Seigneur, même après sa mort -, rappelle le Concile Quinisecte, dans son 32e Canon. De cette doctrine découle le rite du Zéon de la liturgie byzantine, on ajoute un peu d'eau chaude au sang du Christ, qui est sang vivant, chaud, pneumatisé).


Le Crucifié en Orient ne présente jamais le réalisme de la chair épuisée et morte, ni du dolorisme de l'agonie. Mort et apaisé, il n'a rien perdu de sa royale noblesse et garde toujours sa majesté, comme dit saint Jean Chrysostome : « Je le vois crucifié et je l'appelle Roi. »

La croix est à trois traverses.
La traverse inférieure, sous les pieds du Seigneur, est légèrement inclinée. Ce scabellum pedum (Actes 2, 35 ; Ps. 109), d'un côté incliné en bas, figure le destin du larron de gauche, et de l'autre incliné en haut, le destin du larron de droite. Le tropaire de None compare la croix à une balance du destin. « Balance de justice » et brèche d'éternité, la croix est au milieu comme le trait d'union mystérieux entre le Royaume et l'enfer.

L'icône de la Crucifixion fait voir dans la branche verticale de la croix le descensus et l'ascensus du Verbe. « Le Christ en croix, dit Jacques de Saroug, se tenait sur la terre, comme sur une échelle riche en échelons ». La croix est « l'arbre de vie planté au Calvaire », le lieu du grand « combat cosmique ». Les Actes d'André précisent : « Une partie est plantée dans la terre afin de réunir les choses qui sont sur la terre et dans les enfers aux choses célestes. » C'est pourquoi, sur les icônes, le pied de la croix s'enfonce dans une caverne noire où gît la tête d'Adam, le Golgotha étant le « lieu du crâne » (Jn 19, 17). Ce détail symbolique montre la tête du premier Adam, et en lui toute l'humanité, arrosée par le sang du Christ.

Le fond architectural montre les murs de Jérusalem. Le Christ a souffert hors des murs de la ville et les fidèles doivent le suivre : « car nous n'avons point ici-bas de cité permanente » (Hébr. 13, II-I4). En haut, le fond clair du ciel souligne, selon saint Athanase et saint Jean Chrysostome, la portée cosmique de la croix qui purifia les airs des puissances démoniaques.

La couleur blême du corps le repousse dans la profondeur et par contraste met en relief la croix sombre de la passion. La croix est solidement plantée dans le sol, tandis que le corps suspendu forme une courbe noble qui le dépouille du poids, le rend léger et comme aérien. Le corps se rapproche de la Vierge qui se tient toujours à droite de la croix et paraît s'élancer vers son Fils. Sa main droite désigne la croix, sa main gauche, par son immobilité, souligne le mouvement de la droite, les doigts sont près de la gorge comme pour défaire sa contraction, provoquée par une douleur indicible. Ainsi, seulement d'une main à l'autre, passe la voix tragique dusilence. La Mère ne peut pas se mouvoir, elle est figée dans la douleur, son âme est transpercée par le glaive. Avec ses vêtements sombres, elle se détache du corps blême et comme irréel de son Fils.

Jean, habillé plus clairement, se trouve à gauche et un plus loin de la croix. Sa main épouse la tête légèrement pencheé et semble diriger ses pensées vers le Seigneur. Il regarde devant lui, son regard est perdu ou tourné en dedans, contemplatif il médite le mystère de la Passion.

Le Sauveur en croix n'est pas simplement un Christ mort, c’est le Kyrios, Maître de sa propre mort et Seigneur de sa vie. Il n’a subi aucune altération du fait de sa Passion. Il demeure le Verbe, la Vie éternelle qui se livre à la mort et la dépasse. « Lorsque tu fus crucifié, ô Christ, la création entière à ce spectacle frémit d’horreur et les fondements de la terre tremblèrent devant ta puissance ».

Le Dieu-Homme apparaît dans sa double et inséparable dimension : avec Dieu au-dessus, avec l'humanité au-dessous. Des anges planent au sommet de la croix, c'est le ciel, et les personnages au pied de la croix, une sainte femme et le centurion Longin, figure l’humanité.

En contemplant l'icône on pense à la belle réflexion de Nicolas Cabasilas: « C'est en fonction du Christ qu'a été créé le cœur humain, immense écrin assez vaste pour contenir Dieu même... l’œil a été créé pour la lumière, l'oreille pour les sons, toutes choses pur sa fin et le désir de l'âme pour s'élancer vers le Christ. »


Evangile des Matines (Jean 12: 23-36)

Jésus leur répondit : L'heure est venue où le Fils de l'homme doit être glorifié. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. Si quelqu'un me sert, qu'il me suive; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, le Père l'honorera. Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je?... Père, délivre-moi de cette heure?... Mais c'est pour cela que je suis venu jusqu'à cette heure. Père, glorifie ton nom! Et une voix vint du ciel: Je l'ai glorifié, et je le glorifierai encore.
La foule qui était là, et qui avait entendu, disait que c'était un tonnerre. D'autres disaient: Un ange lui a parlé. Jésus dit: Ce n'est pas à cause de moi que cette voix s'est fait entendre; c'est à cause de vous. Maintenant a lieu le jugement de ce monde; maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors. Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi. En parlant ainsi, il indiquait de quelle mort il devait mourir.
La foule lui répondit: Nous avons appris par la loi que le Christ demeure éternellement; comment donc dis-tu : Il faut que le Fils de l'homme soit élevé? Qui est ce Fils de l'homme? Jésus leur dit: La lumière est encore pour un peu de temps au milieu de vous. Marchez, pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous surprennent point: celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez des enfants de lumière. Jésus dit ces choses, puis il s'en alla, et se cacha loin d'eux.






Croix du désert d'Egypte

Le palmier figure en bonne place aux Kellia sur les parois des vestibules, parmi d’autres végétaux évoquant à la fois l’oasis ou le jardin du moine (aspect matériel) et le paradis auquel accède le juste (aspect religieux). De plus, l’Arbre de vie et le palmier fusionnent souvent avec la croix : cette dernière naît alors au sein d’une végétation particulièrement luxuriante ou se couvre de feuilles ; ailleurs, sa base s’arrondit comme celles de certains palmiers et ses branches prennent l’aspect squameux de leur tronc.







Evangile de la Liturgie (Jean 19: 6-11, 13-20, 25-28, 30-35)

Lorsque les principaux sacrificateurs et les huissiers le virent, ils s'écrièrent : Crucifie! crucifie ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ; car moi, je ne trouve point de crime en lui. Les Juifs lui répondirent: Nous avons une loi; et, selon notre loi, il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu. Quand Pilate entendit cette parole, sa frayeur augmenta. Il rentra dans le prétoire, et il dit à Jésus : D'où es-tu ? Mais Jésus ne lui donna point de réponse. Pilate lui dit : Est-ce à moi que tu ne parles pas ? Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te crucifier, et que j'ai le pouvoir de te relâcher ? Jésus répondit: Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir, s'il ne t'avait été donné d'en haut. C'est pourquoi celui qui me livre à toi commet un plus grand péché.
Pilate, ayant entendu ces paroles, amena Jésus dehors ; et il s'assit sur le tribunal, au lieu appelé le Pavé, et en hébreu Gabbatha. C'était la préparation de la Pâque, et environ la sixième heure. Pilate dit aux Juifs : Voici votre roi. Mais ils s'écrièrent : Ote, ôte, crucifie-le! Pilate leur dit : Crucifierai-je votre roi ? Les principaux sacrificateurs répondirent : Nous n'avons de roi que César. Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus, et l'emmenèrent. Jésus, portant sa croix, arriva au lieu du crâne, qui se nomme en hébreu Golgotha. C'est là qu'il fut crucifié, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. Pilate fit une inscription, qu'il plaça sur la croix, et qui était ainsi conçue : Jésus de Nazareth, roi des Juifs. Beaucoup de Juifs lurent cette inscription, parce que le lieu où Jésus fut crucifié était près de la ville : elle était en hébreu, en grec et en latin.
Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la soeur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus, voyant sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui. Après cela, Jésus, qui savait que tout était déjà consommé, dit, afin que l'Ecriture fût accomplie : J'ai soif.
Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l'esprit. Dans la crainte que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, -car c'était la préparation, et ce jour de sabbat était un grand jour, -les Juifs demandèrent à Pilate qu'on rompît les jambes aux crucifiés, et qu'on les enlevât. Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes au premier, puis à l'autre qui avait été crucifié avec lui. S'étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l'eau. Celui qui l'a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai ; et il sait qu'il dit vrai, afin que vous croyiez aussi.






Méditation du Père Lev Gillet
Texte tirés du livre "L'an de grâce du Seigneur" du Père Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient") aux éditions du Cerf

Au seuil de l'année liturgique, nous avons rencontré la bienheureuse Vierge Marie ; nous y rencontrons aussi la croix du Sauveur. Ces deux thèmes ne sauraient être absents de notre prière et de notre méditation sans un appauvrissement de celles-ci. Peu de jours après la nativité de Marie, l'Eglise célèbre la fête de l'Exaltation de la Croix. Au-delà du bois même de la croix, au-delà des circonstances historiques parmi lesquelles le culte de la croix s'est développé, attachons nous à tout ce que l'idée même de la croix de Jésus contient de spirituel et d'éternel.
L'Eglise nous prépare, une semaine d'avance, à la fête de la Croix. Le dimanche qui précède celle-ci, outre l' épitre et l' évangile propres à ce dimanche, une autre épitre et un autre évangile sont lus, en rapport spécial avec la croix. Dans l'épitre (Galates 6 : 11-18), Saint Paul nous dit qu'un chrétien ne saurait se glorifier « sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ qui a fait du monde un crucifié pour moi, et de moi un crucifié pour le monde». Dans l'évangile (Jean 3: 13-17), nous lisons : « Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l'homme, afin que tout homme qui croit ait par lui la vie éternelle. Oui, Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ».


A l' approche de la fête de la Croix, il n' est pas inutile de nous rappeler que la croix dont il s'agit, c'est la croix sur laquelle Jésus-Christ a été crucifié pour notre salut. La décision de « porter notre croix » - idée si profondément évangélique, et sans laquelle cette fête de la croix demeurerait une abstraction - est un aspect essentiel, mais secondaire, du mystère de la croix. L'aspect principal, c'est que nous sommes sauvés par la Passion de Jésus. L'attention des chrétiens d'Orient, qui se porte si facilement et avec tant d'enthousiasme vers l'incarnation du Christ, ne doit pas délaisser le mystère de l' expiation. Le Christ est Dieu fait homme; il est vainqueur et ressuscité. Mais il est aussi le Rédempteur crucifié. Les fêtes de la Croix sont pour nous une occasion de méditer sur la signification du Sang du Christ dans notre vie spirituelle, sur la mort du Sauveur comme réparation de nos péchés, sur le rapport entre la croix et l'amour. Elles nous sont une occasion précieuse d'approfondir l'article du symbole de Nicée où nous confessons que Jésus est mort «pour nous, hommes, et pour notre salut».
Au cours des vêpres célébrées le soir du 13 septembre, trois lectures de l'Ancien Testament nous montrent 1'ombre de la croix déjà projetée sur l'histoire d'lsraël. La première de ces lectures est tirée du livre de l'Exode. Quand les Hébreux étaient dans le désert de Shur, ils y trouvèrent des eaux amères qu'ils ne pouvaient pas boire ; ils murmuraient contre Moïse. Celui-ci « cria alors vers le Seigneur et le Seigneur lui indiqua une sorte de bois... L'ayant jeté dans l'eau, celle-ci devint douce». Ainsi l'arbre de la Croix, plongé dans nos amertumes, peut-il les adoucir. La deuxième lecture est tirée des Proverbes. Elle débute ainsi : « Ne méprise pas, mon fils, la correction de le Seigneur... car le Seigneur reprend celui qu' il chérit, comme un père, son fils bien-aimé». Ces paroles jettent une vive lumière sur Jésus portant le châtiment des péchés du monde, et sur le rapport entre l'amour du Père pour le Fils et la croix du Fils; elles nous indiquent aussi dans quel esprit nous devons accepter - et rechercher - le châtiment de nos propres péchés. Puis, après avoir fait un éloge de la sagesse, l'auteur des Proverbes conclut : « C'est un arbre de vie pour qui la saisit ». La Croix, qui semble au monde une « folie », est la sagesse même. Elle est identifiée avec l'arbre de vie du paradis terrestre. La troisième lecture d'Isaïe annonce à Sion sa gloire future; le passage semble avoir été choisi à cause d'un verset où sont mentionnés divers arbres qui contribueront à la beauté du Temple. « La gloire du Liban viendra chez toi, avec le cyprès, le platane et le buis, pour embellir le lieu de mon sanctuaire, pour glorifier le lieu où je me tiens». Mais c'est l'arbre de la croix qui est le vrai bois invisible du sanctuaire.
Aux matines du 14 septembre, l'évangile qu'on lit (Jean 12 : 23-36) et qui est le début du discours après la Cène, ne semble pas avoir de rapport direct avec la Croix. Cependant la parole de Jésus : « La voici venue l'heure où le Fils de l'homme doit être glorifié...» a un rapport mystérieux avec la Passion du Seigneur et avec la fête d' aujourd'hui. De même la phrase de Jésus à Pierre : « Où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard». Que chacun de nous découvre ce que cette phrase contient pour lui-même.
Après la grande doxologie des matines s'accomplit aujourd'hui un rite spécial. La croix habituellement posée sur l' autel est mise sur un plateau et entourée de fleurs; le prêtre, tenant ce plateau au-dessus de sa tête, sort du sanctuaire; les ministres inférieurs le précèdent, avec l'encens et les lumières. Mais aujourd'hui c'est par une des portes latérales de l'iconostase, la porte du nord, que la croix quitte le sanctuaire. ce n'est pas, comme d'habitude, par la porte du centre ou «porte royale». Cela signifie que la voie de la croix est une voie d'abaissement et d'humilité. La procession, ayant franchi l'iconostase, s'arrête devant "la porte royale" et fait face à l'Orient. Le prêtre proclame (comme on le fait pendant la liturgie lorsque l'évangile est solennellement porté sur l'autel) : "Sagesse tenons-nous debout ! ». Car la croix, cette folie apparente, est le symbole de la sagesse divine. Cependant la procession se tourne vers l'Occident. La croix est déposée sur un pupitre placé au milieu de l'église et orné de fleurs. Les fidèles s'approchent, se prosternent, puis baisent la croix. Dans les cathédrales et les monastères, un autre rite s' ajoute à celui-ci. Le choeur commence à chanter l'invocation: «Seigneur, aie pitié !». Elle est répétée cent fois. Le prêtre, tenant la croix, bénit les quatre points cardinaux ; puis il s'incline très lentement, et, à mesure qu'il se courbe, le choeur continue les invocations sur un ton descendant. Quand le choeur arrive à la cinquantième invocation, le prêtre est profondément incliné, tout proche du sol et tenant toujours la croix (Oh, que cette croix descende ainsi vers tous ceux qui sont tombés le plus bas, vers toutes les misères extrêmes; et qu'ainsi elle descende vers moi, en moi, et soit peu-à-peu plongée dans mon coeur). Puis le prêtre se redresse avec la même lenteur, et, tandis que le choeur chante les cinquante autres invocations sur un ton qui maintenant monte de plus en plus, il élève la croix, il l' exalte » (" quand je serai élevé de terre, j'attirerai tout à moi..."). Le prêtre bénit de nouveau le peuple avec la croix, puis remet celle-ci sur le pupitre, où elle demeure jusqu'à la liturgie.
Nous lisons, dans l'évangile de la liturgie de ce jour (Jean 19. 6-11, 13-20, 25-28, 30-35), le récit un peu abrégé de la Passion. Dans l'épître aux Corinthiens, Paul proclame le grand paradoxe chrétien que nous avons si souvent entendu qu'il a peut-être cessé d'être pour nous le choc renouvelant qu'il devrait être : «...Dieu n'a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde? ... Nous prêchons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens... Le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu... Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes».
Trois des chants de ce jour appellent particulièrement notre attention. Pendant que les fidèles baisent la croix, le choeur chante : « Devant ta croix nous nous prosternons, ô Maître, et nous louons ta sainte résurrection». L'Eglise se préoccupe de ne jamais dissocier la Croix du Sépulcre, la Crucifixion de la Résurrection, la mort de la vie. La douleur du Vendredi-Saint aboutit à la joie de Pâques. Un autre chant rapproche l'élévation du Christ sur la croix et le rayonnement de la lumière divine : « La lumière de ta face, Seigneur, est déployée sur nous». Il y a là, envers la Passion, une attitude profondément grecque et byzantine. Enfin un autre chant associe Marie à la croix. Car Marie est le « paradis mystérieux » dans lequel s'est opérée la croissance du Christ, et le Christ lui-même « a planté sur terre l'arbre vivifiant de la croix».
Le dimanche qui suit le 14 septembre comporte, comme celui qui le précède, une épître et un évangile se rapportant à la croix. L'épître (Galates 2: 16-20) a été choisie à cause de cette phrase de Paul: « Je suis crucifié avec le Christ et pourtant je vis...». Dans l'évangile (Marc 8. 34 - 9. 1), nous entendons l'avertissement donné par Notre Seigneur : "Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais celui qui perd sa vie à cause de moi et de l'Evangile la sauvera». Ici se trouve la conclusion pratique de la fête. Ce n' est pas seulement à quelques disciples choisis que Jésus adresse ces paroles, mais à nous tous : «Appelant la foule, en même temps que ses disciples, il leur dit...». Notre Seigneur établit une graduation instinctive, si nous savons la méditer, entre ces trois actes : renoncer à soi-même, prendre sa croix, suivre le Christ. Chacun doit prendre "sa croix"; non point une croix qu'il aurait arbitrairement choisie, mais la croix - c'est-à-dire la part de souffrance et d' épreuve - que Dieu lui a assignée d'une manière spéciale et qui est l'un des aspects de la Croix de Jésus lui-même. Dans la fête de l'Exaltation de la Croix, exaltons et intronisons dans notre coeur la croix de Jésus, en appliquant à la Passion de Notre Seigneur et même à nos pauvres efforts (qui sont notre participation à la Passion) cette parole par laquelle le mystère de la Croix reçoit son interprétation la plus haute et la plus complète : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie...»

Texte tirés du livre "L'an de grâce du Seigneur" du Père Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient") aux éditions du Cerf

Tropaire
SEIGNEUR, SAUVE TON PEUPLE ET BÉNIS TON HÉRITAGE. ACCORDE LA VICTOIRE À TES FIDÈLES ET PAR TA CROIX PROTÈGE TA CITÉ

09 septembre 2007

Entretien avec Nicodème



St Jean III, 13-17

13 Personne n'est monté au ciel, si ce n'est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme qui est dans le ciel.
14 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l'homme soit élevé,
15 afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle.
16 Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.
17 Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu'il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.








Luc VIII, 16-21 (pour Sts Joachim et Anne)

16 Personne, après avoir allumé une lampe, ne la couvre d'un vase, ou ne la met sous un lit; mais il la met sur un chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière.
17 Car il n'est rien de caché qui ne doive être découvert, rien de secret qui ne doive être connu et mis au jour.
18 Prenez donc garde à la manière dont vous écoutez; car on donnera à celui qui a, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il croit avoir.
19 La mère et les frères de Jésus vinrent le trouver; mais ils ne purent l'aborder, à cause de la foule.
20 On lui dit: Ta mère et tes frères sont dehors, et ils désirent te voir.
21 Mais il répondit: Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique.

02 septembre 2007

Parabole du festin nuptial




St Matthieu 22, 1-14


1 Jésus, prenant la parole, leur parla de nouveau en parabole, et il dit :
2 Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils.
3 Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces ; mais ils ne voulurent pas venir.
4 Il envoya encore d'autres serviteurs, en disant : Dites aux conviés : Voici, j'ai préparé mon festin; mes boeufs et mes bêtes grasses sont tués, tout est prêt, venez aux noces.
5 Mais, sans s'inquiéter de l'invitation, ils s'en allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son trafic;
6 et les autres se saisirent des serviteurs, les outragèrent et les tuèrent.
7 Le roi fut irrité ; il envoya ses troupes, fit périr ces meurtriers, et brûla leur ville.
8 Alors il dit à ses serviteurs : Les noces sont prêtes ; mais les conviés n'en étaient pas dignes.
9 Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez.
10 Les serviteurs allèrent dans les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, méchants et bons, et la salle des noces fut pleine de convives.
11 Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n'avait pas revêtu un habit de noces.
12 Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces? Cet homme eut la bouche fermée.
13 Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
14 Car il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus.




Homélie d'un moine orthodoxe de l'église d'occident

Chers frères et sœurs !

Voilà que nous venons d’entendre une parabole bien consolante… et en quoi est-elle si consolante que ça me direz-vous à juste titre ?
Et bien par ce qu’elle nous précise que les apôtres sont venus quérir tous types d’hommes et de femmes ; bons et moins bons ; pour assister au banquet.
Comprenons par là que le Royaume de Dieu est accessible à tous,
dès lors que nous répondons positivement et simplement à l’appel du Seigneur ; pour autant que nous Lui donnions une réponse franche et sans nous inventer des excuses pour esquiver cet appel.

A la rigueur peu importe que nous nous sentions dignes ou indignes d’être invités au banquet ; la question n’est pas là.
Le plus important pour la bonne compréhension de cette parabole est de conscientiser ce que nous enseignent les Béatitudes ; à savoir que l’invitation n’est pas réservée à ceux qui l’auraient « méritée » ou qui en auraient au moins les dispositions requises ; mais qu’elle est un pur don de Dieu, provenant de Sa grâce et de Son amour ; de Son amour totalement gratuit et universel.
Une telle assurance se doit d’être le fondement de notre foi et de notre espérance en Dieu ; nul n’étant exclu puisqu’ainsi que nous le dit la Genèse (chap I, versets 10 et 31) « tout ce qu’a fait Dieu est bon » ; c’est en effet du péché de l’homme que vient toute mauvaiseté, à commencer par la faute d’Adam, quand bien même lui aussi est resté invité, c'est-à-dire aimé de Dieu.

Le côté pressant de cette invitation est bien accentué par le fait que le Christ ait exigé des apôtres qu’ils forcent à faire rentrer ceux qu’ils allaient trouver sur les routes ; comme pour bien nous faire comprendre que c’est une invitation chaleureuse qui nous est proposée, une invitation qui doit l’emporter sur nos hésitations ou nos tergiversations, car dans une certaine mesure c’est aussi le temps qui nous presse de nous décider franchement et sans retour avec toujours la certitude de cette remarquable délicatesse divine qui consiste à ne porter aucune atteinte à notre liberté.

Si nous sommes tous réunis ici c’est qu’un jour nous avons entendu cet appel, cette invitation du Christ ; Lui qui nous engendre, nous fait grandir et nous nourrit à son banquet permanent.
Saint Nicolas Cabasilas le dit admirablement quand il écrit : « A la fois le Christ nourrit et Il est lui-même la nourriture ; c’est Lui qui donne le Pain de la Vie, et ce qu’Il donne est Lui-même. Il est la vie des vivants, le parfum qu’ils respirent, le vêtement pour qui veut le revêtir. C’est Lui qui nous donne le pouvoir de cheminer ; et Il est la voie, le lieu du repos et le terme. Nous sommes les membres et Il est la tête.
Devient-il nécessaire de combattre ? Il combat avec nous… et si nous remportons la victoire Il est la couronne. C’est ainsi que de toutes parts il ramène à Lui notre esprit et ne lui permet pas de dévier vers rien d’autre ni de donner son amour à rien d’autre.
Il nous attire à Lui seul et nous unit à Lui seul.
C’est là la violence avec laquelle Il force les invités à venir dans Sa maison et à Son festin en disant à ses serviteurs ‘forcez-les à entrer, jusqu’à ce que la maison soit pleine !’ »

Chers frères et sœurs, comme l’année liturgique commence tout juste ; essayons de la vivre en appliquant cette parabole du banquet : qu’il nous suffise d’y voir une image de la vie ; cette vie à laquelle Dieu nous a conviés.
En effet tout au long de celle-ci (à la manière d’un banquet) toutes sortes de mets nous serons présentés et offerts ; allant des plus doux aux plus exquis, en passant par certains qui nous paraîtront sans doute quelque peu aigres ou corsés !
Qu’à cela ne tienne ! Quels qu’ils soient, puisqu’ils nous sont proposés par le Maître de la Vie, acceptons les ; nourrissons-nous en humblement en étant sûrs qu’ils contribueront à nous régénérer et à nous prodiguer les forces qui nous sont nécessaires pour progresser dans notre quête de Dieu.
Mais avant tout prenons soin de nous présenter dignement au festin proposé, et parons-nous de notre vêtement de noce ; vêtement tout tissé de foi, d’humilité, de paix, de joie et d’amour !

Amen !