14 octobre 2007

Résurrection du fils unique de la veuve












St Luc VII, 11-16





11 Le jour suivant, Jésus alla dans une ville appelée Naïn; ses disciples et une grande foule faisaient route avec lui.
12 Lorsqu'il fut près de la porte de la ville, voici, on portait en terre un mort, fils unique de sa mère, qui était veuve; et il y avait avec elle beaucoup de gens de la ville.
13 Le Seigneur, l'ayant vue, fut ému de compassion pour elle, et lui dit : Ne pleure pas!
14 Il s'approcha, et toucha le cercueil. Ceux qui le portaient s'arrêtèrent. Il dit: Jeune homme, je te le dis, lève-toi!
15 Et le mort s'assit, et se mit à parler. Jésus le rendit à sa mère.
16 Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu, disant: Un grand prophète a paru parmi nous, et Dieu a visité son peuple.




Homélie d'un moine orthodoxe de l'eglise d'occident


Chers frères et sœurs !


Nulle part ailleurs dans la Bible n’est mentionnée la ville de Naïn ; cette petite bourgade située non loin du Mont Thabor ; une petite ville où sera manifestée non seulement la lumière d’une transfiguration certaine, mais aussi et surtout la pleine lumière d’une résurrection, c’est à dire la pleine Lumière de la Résurrection.

En étant attentifs au récit de cette scène évangélique il est frappant de constater que d’emblée que deux groupes distincts se croisent :
D’une part un imposant cortège funèbre et d’une autre part le Christ suivi de Ses apôtres mais également d’un nombre important de personnes ; « une foule nombreuse » comme le dit le texte au verset 11.
Autant dire que le symbolisme qui se dégage de cette scène est fort puisque d’évidence la Vie et la mort se rencontrent, la Vie et la mort se confrontent ; la Vie et la mort se retrouvent face à face pour ainsi dire.
La mort étant représentée ici de façon crue et accentuée par une femme non seulement veuve, mais qui plus est par une femme légitimement atteinte dans son affectivité par la perte d’un jeune fils unique; la Vie quant à elle étant bien évidemment symbolisée par le Christ et la foule nombreuse d’hommes et de femmes qui Le suivait.

En voyant la souffrance qui se dégageait de cette procession funéraire, le Christ manifesta à la fois Sa pleine humanité et à la fois Sa divinité : Son humanité en étant « pris de compassion », sa divinité en opérant le miracle de la résurrection.
Être « pris de compassion » est lourd de sens, puisque littéralement le verbe « compatir » signifie « souffrir avec » ; et pourtant, plus encore qu’une simple compassion humaine, cela signifie la tendresse et l’amour dont Dieu fait preuve face à notre misère ; la tendresse et l’amour de Dieu face à notre propre souffrance. En un mot : cela signifie la miséricorde dont Dieu use généreusement envers chacun de nous.

L’Evangile de Saint Luc étant ; rappelons-le ; entièrement axé sur la montée et la progression du Christ vers Jérusalem (c'est-à-dire vers la résurrection) ; le récit de la veuve de Naïn nous présente Jésus dans son action de Sauveur des hommes, inaugurant le Règne de Dieu dans sa manifestation pascale et Son intimité avec Lui ; c'est-à-dire que Saint Luc entend bien souligner l’action effective du Christ ; action qui est en lien avec Sa divinité d’où Lui vient le pouvoir de ressusciter les morts.


Pour le Christ une seule parole a suffit pour ressusciter le jeune homme : « Je te le dis ; lève-toi ! » ; ce « lève-toi » qui sous-entend le dynamisme de la vie propre à la Résurrection du Christ, mais aussi la résurrection spirituelle que réalise l’éveil du baptême ainsi que le dit Saint Paul dans l’épître aux Ephésiens : « Eveille-toi, toi qui dors ; lève-toi d’entre les morts et sur toi luira le Christ ! » (Eph, V-14).
La résurrection du fils de la veuve présage dès à présent toutes les résurrections à venir ; comme en réponse à ces « petites morts » que nous pouvons traverser et où nous entraîne le péché, pour reprendre St Ambroise de Milan qui précise que « même si il y a péché grave que vous ne puissiez laver par les larmes du repentir ; que pour vous pleure cette Mère qu’est l’Eglise et qui intervient pour chacun de ses enfants comme une mère veuve pour des fils uniques…lorsqu’elle voit ses enfants poussés vers la mort par des actes funestes ».



Chers frères et sœurs ; soyons donc intimement convaincus que la Résurrection du Christ est la voie et la réponse à toute souffrance affective ; ce genre de souffrances dont la veuve de Naïn était en quelque sorte l’incarnation avant sa rencontre avec le Christ ; en tant qu’elle était privée d’un conjoint aimant et fidèle mais aussi d’un enfant, ce qui aurait fait toute sa joie de femme.
Si l’Evangile n’indique pas qu’elle se soit révoltée ou ait cherché des dérivatifs et échappatoires en tous genres pour fuir la souffrance à laquelle elle était acculée, c’est que tel devait être le cas : elle a su accueillir spirituellement cette souffrance jusqu’à ce que le Christ se penche vers elle dans un élan d’amour compatissant et ce, sans qu’elle ait demandé quoi que ce soit.

Ainsi, face à toutes les souffrances auxquelles nous pouvons être confrontés qu’elles soient d’ordre spirituel, affectif, psychique ou physique ; une seule question doit être présente dans nos esprits et dans nos cœurs : « Oui ou non croyons-nous en la Résurrection du Christ et confessons-nous vraiment la Résurrection du Christ ? »
Nul doute que si nous sommes tous réunis ici aujourd’hui, c’est que la réponse à cette question est positive ; alors n’hésitons pas un instant à le prouver (avec l’aide de Dieu bien sûr) ; alors déjà aujourd’hui, dans l’instant présent nous ressusciterons avec Lui et en Lui !


Amen !