29 juin 2007

St Apôtres Pierre et Paul















Matthieu XVI 13-19

13 Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples: Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l'homme?
14 Ils répondirent: Les uns disent que tu es Jean Baptiste; les autres, Élie; les autres, Jérémie, ou l'un des prophètes.
15 Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis ?
16 Simon Pierre répondit: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.
17 Jésus, reprenant la parole, lui dit: Tu es heureux, Simon, fils de Jonas; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais c'est mon Père qui est dans les cieux.
18 Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle.
19 Je te donnerai les clefs du royaume des cieux: ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux.
Homélie de Saint Léon le Grand

Tout l'univers, bien-aimés, prend part aux fêtes de l'Église ; l'unité de la foi exige que l'on célèbre de tous côtés avec une joie commune les mystères qui ont été accomplis pour le salut de tous.


Mais la fête de ce jour, outre la vénération générale qui lui est due par toute la terre, demande de nous et de notre cité des hommages tout particuliers. Dans ces lieux où les premiers des apôtres ont souffert une mort si glorieuse, nous devons, le jour de leur martyre, faire éclater notre allégresse et notre amour d'une manière plus grande que dans toutes les autres villes du monde.

O Rome ! Ce sont ces hommes illustres qui ont fait briller pour toi les lumières de l'évangile ; tu étais le centre de l'erreur, et par eux tu es devenue l'école de la vérité. Ils sont tes pères et tes véritables pasteurs ; ils ont jeté sur ton sein les bases éternelles d'un royaume qui ne périra jamais ; tu leur dois plus qu'aux hommes qui ont creusé les fondements de tes premières murailles, qu'à ces hommes dont l'un, celui qui t'a donné ton nom, rougit ton sol du sang de son frère. Ce sont ces glorieux apôtres qui t'ont donné cette gloire dont tu brilles maintenant, pour que, nation sainte, peuple élu, ville sacerdotale et impériale,... tu présides plus largement par la religion divine que par la domination terrestre. Quoique des victoires sans nombre aient porté au loin les limites de ta puissance, que la terre et la mer aient subi ton joug, cependant tu as fait moins de conquêtes les armes à la main que par la paix chrétienne.

Dieu dont la puissance est infinie, qui est également juste et bon, qui n'a jamais refusé sa Miséricorde aux hommes, qui les a toujours comblés de bienfaits et qui les a assistés de ses Grâces, afin qu'ils Le connussent, a envoyé au monde son Verbe, qui Lui est égal et coéternel, par compassion pour leur aveuglement et le penchant qu'ils ont à faire le mal. Le Verbe S'est fait chair et Il a uni la nature divine à la nature humaine de telle sorte que l'abaissement de la Divinité faisait la gloire de l'humanité. La divine Providence a étendu les limites de l'Empire romain, afin que les effets de sa Grâce ineffable se répandissent parmi tout l'univers. Dieu a réuni ainsi en une seule toutes les nations de la terre; cette unité convenait à ses Desseins ; il devait être plus facile de prêcher l'évangile à l'univers quand tous les empires, n'en formant plus qu'un seul, seraient soumis aux lois d'une seule ville. Mais cette ville, qui ne connaissait point l'Auteur de sa puissance, tandis qu'elle commandait à tous les peuples du monde, pliait sous le joug de l'erreur de toutes les nations, et elle croyait être très religieuse parce qu'elle accueillait avec avidité toutes les folies qui désolaient le monde ; aussi, plus les liens avec lesquels le démon la tenait enchaînée étaient solides, plus la liberté que Jésus Christ lui a donnée doit paraître admirable.


Lorsque les douze apôtres eurent reçu du saint Esprit le don des langues et qu'ils se partagèrent l'univers pour y propager la parole divine, Pierre, le prince des apôtres, eut en partage la capitale de l'Empire romain, afin que cette lumière de la vérité, qui devait éclairer tout le genre humain, étant placée au centre de l'univers, répandît plus aisément ses rayons de tous côtés. Y avait-il quelque nation au monde dont il n'y eût alors des hommes dans cette ville, ou qui ignorât ce que Rome avait appris ? C'était donc là qu'il fallait terrasser la philosophie ! C'était là qu'il fallait détruire les vains mensonges de la sagesse humaine, là qu'il fallait renverser le culte des démons, là enfin qu'il fallait anéantir l'impiété de toutes les erreurs sacrilèges, puisque dans cette ville toutes les superstitions et toutes les erreurs étaient réunies !


Bienheureux apôtre Pierre, tu ne crains pas de venir dans cette grande cité, tandis que l'apôtre Paul, ton compagnon de gloire et de travaux, est occupé à l'organisation d'autres églises ; tu entres dans cette forêt remplie de bêtes féroces ; tu marches sur cet océan tumultueux avec plus de constance que sur la mer ; tu ne trembles point à l'aspect de cette maîtresse du monde, toi qui fus saisi de crainte, dans la maison de Caïphe, à la voix d'une simple servante. Est-ce que la tyrannie de Claude et la férocité de Néron étaient moins à craindre que le jugement de Pilate ou que la méchanceté des Juifs ? Mais ton amour vainquit tes craintes ; tu ne pensas point devoir céder à la terreur alors que tu travaillais au salut de ceux que tu avais pris en affection.
Tu pris le sentiment de cette charité intrépide, lorsque tu donnas des témoignages d'un amour sincère à ton Maître, qui t'interrogea par trois fois et qui te confia la garde de son troupeau, en te recommandant de lui faire part de la même nourriture dont tu avais été nourri toi-même.
Les miracles que tu avais opérés, la grâce dont tu étais comblé et l'épreuve que tu avais faite de tes vertus, augmentaient ta confiance. Tu avais déjà instruit les Juifs, qui avaient cru ; tu avais déjà fondé l'Église d'Antioche, où le nom de chrétiens fut donné aux premiers fidèles ; tu avais déjà prêché l'évangile dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l'Asie et la Bythinie et tu ne doutais plus du succès de ton ouvrage et du temps qui te restait pour l'accomplir, lorsque tu faisais entrer l'étendard de la croix du Christ dans les murs de la cité romaine, où la gloire de ton martyre et l'honneur de ta dignité t'attendaient, selon les décrets de la Providence.

Paul, ton collègue à l'apostolat, ce vase d'élection, cet illustre docteur des Gentils, accourut alors et vint partager tes travaux dans cette ville où la pudeur, l'innocence et la liberté étaient aux abois sous la tyrannie du cruel Néron, dont la rage, excitée par toutes les mauvaises passions, en vint à cet excès de folie de soulever le premier contre le nom chrétien les fureurs d'une persécution générale, comme s'il eût prétendu anéantir la Grâce de Dieu en massacrant les saints. L'un des plus grands bienfaits de cette grâce est que le mépris de cette vie temporelle nous ouvre la porte des félicités éternelles. La mort des saints du Seigneur est précieuse devant ses Yeux. La religion fondée sur la Croix du Christ et cimentée de son Sang ne peut être ébranlée par les supplices les plus cruels. Les persécutions, loin d'abattre l'Église, la font briller d'une nouvelle splendeur : le champ du Seigneur produit alors au contraire une plus riche moisson, tous les grains qui tombent renaissent multipliés. Les milliers de martyrs qui reçurent les palmes du triomphe prouvent d'une glorieuse manière combien se multiplièrent ces deux illustres grains de la Semence divine ; ces dignes émules des glorieux apôtres entourèrent notre cité d'une vaste ceinture de tombeaux qui couronnent son front comme un diadème composé de perles précieuses.


Nous devons nous réjouir, bien-aimés, d'une si puissante protection, nous fortifier dans la foi et nous encourager à la patience par leur exemple ; mais la fête des bienheureux apôtres doit encore exciter notre joie ; Dieu les a choisis entre tous les membres de son Église, et Il en a fait les yeux mystiques du Corps dont la tête est le Christ. Nous ne devons établir aucune différence entre leurs mérites et leurs vertus qui sont inénarrables. Leur élection, leurs travaux et leur mort les rendent tous deux parfaitement égaux. Notre propre expérience nous l'a appris et nos aînés nous l'ont confirmé : les prières de ces deux illustres patrons nous sera d'un grand secours pour obtenir la Miséricorde de Dieu dans les travaux de cette vie ; car, si nous sommes accablés par le poids de nos propres péchés, les mérites des apôtres nous soutiennent par notre Seigneur Jésus Christ, qui forme, avec le Père et le saint Esprit, une seule Puissance et une seule Divinité dans les siècles des siècles.

Amen.

17 juin 2007

L'oeil est la lampe du corps


St Matthieu VI. 22-33

22 L'oeil est la lampe du corps. Si ton oeil est en bon état, tout ton corps sera éclairé;
23 mais si ton oeil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres!



Un moine de l'Eglise d'orient

Chers frères et sœurs !

Les lectures d'Evangile des deux dimanches précédents nous ont montré que pour suivre le Christ il nous faut abandonner les préoccupations terrestres.
Et il est légitime de nous demander : « Mais de quoi vivrons-nous ? »

Le passage que nous venons d'entendre nous met cependant en garde contre cette inquiétude.
Le Christ nous demande d'unifier notre vie intérieure : « Si ton œil est sain, ton corps sera sain. Nous ne pouvons servir deux maîtres à la fois : Dieu et l'argent. » Voilà pourquoi il nous est dit de ne pas nous inquiéter pour notre vie; ni de ce que nous mangerons ni de comment nous serons vêtus etc...

Ces paroles du Seigneur doivent cependant être comprises avec discernement :
Les hommes et les femmes dans le monde ont des responsabilités familiales, sociales, économiques... et doivent y faire face par le travail, par un travail sensé et honnête.
En ce qui concerne les biens terrestres, le Christ ne condamne pas une prudence commandée à la fois par la justice et l'amour. Mais Il nous met en garde contre l'avarice; l'irresponsabilité et la non-modération dans nos dépenses ; Il nous met en garde contre l'anxiété qui résulte de ces faiblesses; en bref Il condamne notre immaturité, le manque de foi et de confiance en Dieu auxquels nous pouvons être parfois sujets.

Alors, nous tous dont le devoir est d'assurer notre vie matérielle et celle des nôtre, ayons simplement confiance: Le Père ne nous abandonnera pas, pour autant que cherchions avant toute chose Le Royaume de Dieu et sa justice, aussi bien dans notre propre conscience que dans notre entourage proche et moins proche.

Nous touchons donc là le cœur du message évangélique : apprendre à se faire pauvre intérieurement, dans l'humilité et l'action de grâce et ce par la prière.
S'il en est ainsi Dieu nous bénira au-delà de ce que nous pouvons imaginer et les grâces qui nous attendent ne seront qu'abondance et miséricorde.
En bannissant toute crainte ayons soin d'être sans cesse dans la joie comme nous le préconise Saint Paul, et sachons en faire bénéficier notre prochain.
Sachons donner sans mesure -afin de mieux recevoir-.
Sachons transmettre quelque chose de l'Amour infini de Dieu afin de transfigurer le monde.
Devenons toujours de plus en plus des icônes vivantes et des témoins de Celui dont nous avons la certitude qu'II est la Résurrection, la Vie et l'Amour!




Un moine de l'Eglise d'orient

Les évangiles des deux dimanches précédents ont montré que, pour suivre Jésus, il faut abandonner les préoccupations terrestres. Nous nous demandons alors : «Mais de quoi vivrons-nous ?».

L'évangile du troisième dimanche après la Pentecôte (Matthieu 6:22-33) nous met en garde contre cette inquiétude. Il faut unifier notre vie intérieure, nous dit Jésus : «Si donc ton œil est sain, ton corps tout entier sera dans la lumière... Nul ne peut servir deux maîtres... Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent... Voilà pourquoi je vous dis : ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez». Si le Père céleste nourrit les oiseaux de l'air, s'il revêt les lys des champs, qui «ne peinent ni ne filent", de couleurs plus glorieuses que celles de Salomon lui-même, combien plus il veillera à nos besoins ! Ces paroles de Jésus doivent être comprises aver discernement. Il y a des hommes que Notre-Seigneur appelle à le suivre dans la pauvreté absolue. La majorité des hommes, ayant des responsabilités familiales et sociales, doit y faire face par le travail. Notre-Seigneur ne condam ne pas, en ce qui concerne les biens terrestres, une prudence commandée à la fois par la justice et la charité. Mais il condamne l'avarice et une anxiété qui indique un manque de foi. «Votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela... Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît». Que celui dont la vocation spéciale est de se dépouiller de tout et celui, dont le devoir est d'assurer la vie matérielle des siens aient tous deux confiance : le Père ne les aban­donnera pas, mais ils doivent, l'un et l'autre, chercher avant tout le royaume de Dieu et sa justice, dans leur propre conscience et autour d'eux. Telles sont les deux idées principales - primauté de la recherche du ro­yaume de Dieu, confiance en la bonté du Père par rapport aux besoins de la vie - que nous devrions emporter ce matin de l'église où nous avons entendu lire l'Evangile.

L'épître (Romains 5:1-10) débute par cette phrase: «Ayant donc reçu notre justification par la foi, nous som­mes en paix avec Dieu, par Notre-Seigneur Jésus-Christ». En effet, «la preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ, alors que nous étions pécheurs, est mort pour nous». Mais la mort du Christ n'est pas une assurance de salut pour celui qui ne vit pas conformément au Christ. Si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, «combien plus, une fois réconciliés, serons-nous sau­vés par sa vie». La justification par la foi (et non par nos mérites personnels) est un principe qu'il ne faut jamais perdre de vue. Cette justification doit toutefois se mani­fester par une charité patiente et agissante. «Nous nous glorifions des tribulations parce que l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné». La foi justifiante n'est pas un résultat final. Elle est le point de départ, la racine des bonnes œuvres.

10 juin 2007

Laissant leur barque et leur père

Mathieu 4, 18-23

18 Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient un filet dans la mer; car ils étaient pêcheurs.
19 Il leur dit: Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes.
20 Aussitôt, ils laissèrent les filets, et le suivirent.
21 De là étant allé plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui étaient dans une barque avec Zébédée, leur père, et qui réparaient leurs filets.
22 Il les appela, et aussitôt ils laissèrent la barque et leur père, et le suivirent.
23 Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple.









Méditation d'un moine orthodoxe de l'Eglise d'occident


Chers frères et sœurs !

L’Evangile d’aujourd’hui fait retentir dans nos vies ; et donc dans nos cœurs l’appel que le Christ lance à chacun de nous.
Comme nous venons de l’entendre pour les premiers disciples ; l’appel du Christ se fait de manière simple et radicale à la fois :
Il passe ; Il prend le temps de s’arrêter, Il invite à venir à Sa suite et demande de tout laisser ; ainsi que l’on fait André, Pierre, Jacques et Jean.
Car en effet ; quand le Christ nous appelle, quand nous répondons à cet appel, cela présuppose de notre part l’acceptation joyeuse et librement consentie de certaines ruptures, qu’elles soient d’ordre matériel, affectif voire même d’ordre spirituel.

Les premiers apôtres ont quitté leurs filets, leurs barques, leurs familles respectives ; ils ont expérimenté là une rupture avec leurs métiers, leurs habitudes, avec une certaine forme de sécurité à laquelle ils étaient habitués et ont dû accepter de rentrer dans une dimension d’imprévu ; tout cela pour suivre le Christ, par Son simple appel.

Par définition, suivre le Christ c’est pour nous comme pour les apôtres, marcher à Sa suite, aller là où Il va et nous conduit, travailler là où Il œuvre, accueillir ceux qu’Il accueille ; en bref chercher ce qu’Il cherche, c'est-à-dire à faire la volonté du Père.

Mais si le Christ amène dans nos vies certaines de ces ruptures dont nous venons de parler ; Il s’occupe, Lui, de la continuité ; dans le sens où Il nous demandera souvent une transposition de toutes nos actions ; tels ces apôtres qui de simples pêcheurs sont devenus par volonté divine des pêcheurs d’hommes ; c'est-à-dire que nos capacités se feront « service » mais à un niveau tout autre qui est celui du Royaume de Dieu en nous et autour de nous.
C’est dire si rien de notre passé ne sera perdu ou annihilé, non ! Mais pourtant il nous faudra dans une certaine mesure tout réapprendre mais de manière toujours plus spirituelle pour notre propre sanctification et donc par extension pour la sanctification de notre temps, pour la sanctification du monde.

N’est-ce pas cela justement qu’ont vécu nos saints et saintes locaux ; dont l’usage liturgique veut que nous célébrions la mémoire en ce deuxième dimanche après la Pentecôte ? Certes oui !
Comment ne pas les évoquer ? Nos esprits et nos cœurs se tournent tout naturellement vers Ste Geneviève, sainte patronne et protectrice de notre capitale ; Sainte Radegonde qui fût à la fois épouse, reine de France et moniale ; Blandine de Lyon, sans oublier les saints Germain et Denis de Paris, Rémi de Reims, Hilaire de Poitiers, Césaire d’Arles, Vincent de Lérins, Irénée de Lyon… pour ne citer que les plus connus !
Soyons par ailleurs conscients de la grâce qui nous est donné par le fait que certains des saints qui ont œuvré à la sanctification de la terre où nous vivons n’en étaient pas moins issus d’horizons divers : tel St Martin de Tours originaire de Hongrie ; ou bien encore St Grégoire l’Ibère (fondateur de la paroisse géorgienne de Paris qui a achevé sa course terrestre en tant que martyr dans les camps de concentrations) ; plus récemment St Alexis d’Ugine tout droit venu de Russie comme les autres Saints de notre Archevêché : St Dimitri, Ste Marie et les saints Georges et Elie. Et que dire alors de Saint Jean Cassien qui illustre bien la vocation « œcuménique » (dans le sens pur du terme) de notre patrimoine spirituel ; lui qui, moine de Palestine a de par sa vie su faire la liaison entre ces grands centres de la chrétienté que sont Antioche, Alexandrie, Constantinople et Rome ; tout en oeuvrant pour le rayonnement du monachisme en occident à partir de la Provence !

C’est donc ce riche patrimoine (dont nous devons être avant tout les humbles mais fidèles garants) que nous devons faire fructifier, conserver et perpétuer de sorte que, pour reprendre les paroles du Père Lev Gillet :
« Aux yeux de ceux qui découvrent en nous l’Orthodoxie ; ce mot devienne synonyme de deux grandes choses :
- Croire en Jésus-Christ
- Vivre en Jésus-Christ » Amen !




Méditation d'un moine de l'Eglise d'orient

Le deuxième dimanche après la Pentecôte nous mon­tre l'application pratique de ce grand appel au renonce­ment formulé par Jésus dans l'évangile du premier di­manche. L'évangile lu aujourd'hui à la liturgie raconte la vocation des premiers apôtres. Jésus, au bord du lac de Galilée, voit Simon et André qui pê­chent. Il leur dit : «Suivez-moi». Il veut les faire pêcheurs d'hommes. «Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivi­rent». Plus loin Jésus rencontre Jacques et Jean, des pê­cheurs eux aussi, en compagnie de leur père Zébédée. Jé­sus les appelle. «Aussitôt, laissant leur barque et leur pè­re, ils le suivirent». Les nouveaux disciples ont abandon­né leurs filets et leurs barques : Jésus nous demande par­fois de renoncer à notre profession, à nos instruments de travail, à ce que nous possédons. Mais des fils, à l'appel de Jésus, abandonnent aussi leur père : Jésus veut par­fois que nous renoncions aux affections familiales, aux amitiés humaines, à l'amour créé. Ce n'est pas là une at­titude purement négative. L'appel de Jésus a un aspect très positif : il faut suivre le Maître. Mais les premiers apôtres n'auraient pu suivre le Maître s'ils n'avaient d'abord quitté et leur barques, et leurs filets, et leur pè­re. Et moi, qu'ai-je quitté pour suivre Jésus? Que veut- il que je quitte?


L'épître (Romains 2 :10-16) traite des thèmes de la loi et de la foi que nous continuerons à considérer les di­manches suivants. Aujourd'hui nous entendons Saint Paul comparer la condition des Juifs et des Gentils par rapport à la loi. Les Juifs ont reçu la loi ; ils seront jugés par elle.
Mais les Gentils, qui ignorent la loi mosaïque, ne sont ce­pendant pas sans loi. «Quand les païens privés de la loi accomplissent naturellement les prescriptions de la loi, ces hommes, sans posséder de loi, se tiennent à eux-mêmes lieu de loi, ils montrent la réalité de cette loi inscrite en leur cœur...». D'ailleurs, ce qui importe, ce n'est pas d'en­tendre la loi, mais de l'accomplir. «Ce ne sont pas les au­diteurs de la loi qui sont justes devant Dieu, mais les observateurs de la loi qui seront justifiés». C'est pourquoi l'apôtre rend hommage à quiconque fait le bien, quelle que
soit (comme on dirait aujourd'hui) sa «persuasion» ou «dénomination» : «Gloire, honneur et paix à quiconque fait le bien, au juif d'abord, puis au Grec». Paul résout ce problème avec une grande largeur d'esprit. Nous pouvons appliquer ce qu'il dit des grecs et des païens à ceux qui ne
connaissent pas l'Evangile du Christ. Ils seront jugés selon la mesure de leur fidélité à la lumière intérieure qui leur a été donnée. Ils ont une loi à laquelle leur conscience rend témoignage. Ne nous hâtons donc pas d'exclure du royaume de Dieu ceux qui ne partagent pas notre foi, et ne pensons pas que notre foi puisse nous dispenser de faire le bien. Remercions plutôt Dieu de ne laisser aucun homme dans des ténèbres complètes ; examinons-nous nous-mêmes sur notre fidélité à la lumière.

07 juin 2007

Dimanche de tous les Saints




Saints français







Mathieu X, 32-33, 37-38 XIX 27-30

Chap 10 32
Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux.
33 Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux.
37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi ;
38 celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n'est pas digne de moi.

Chap 19
27 Alors Pierre prit la parole et dit à Jésus : « Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre : alors, qu'est-ce qu'il y aura pour nous ? »
28 Jésus leur déclara : « Amen, je vous le dis : quand viendra le monde nouveau, et que le Fils de l'homme siégera sur son trône de gloire, vous qui m'avez suivi, vous siégerez vous-mêmes sur douze trônes pour juger les douze tribus d'lsraël.
29 Et tout homme qui aura quitté à cause de mon nom des maisons, des frères, des soeurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre, recevra beaucoup plus, et il aura en héritage la vie éternelle.
30 Beaucoup de premiers seront derniers, beaucoup de derniers seront premiers.



Méditation d’un moine de l’Eglise d’occident


Chers frères et sœurs ;

Dimanche dernier nous fêtions la Pentecôte, la"venue de l'Esprit-Saint tant attendu, aussi n'est-il pas étonnant de solenniser aujourd'hui tous les saints; c'est-à-dire ceux qui au cours de leur existence se sont sanctifiés et se sont laissés modeler par la présence du Consolateur, de l'Esprit de Vérité.

Quelle grâce que celle d'avoir les saints à nos côtés tout au long de notre pèlerinage terrestre!
En eux nous avons des intercesseurs puissants dans les moments où notre foi se fait défaillante; en eux nous avons des modèles pour nos vies ; en eux nous trouvons réconfort, courage et paix.

Dieu est glorifié par eux, tout autant que Dieu les glorifie.

Dieu est Amour ; et dans les Saints, le Saint-Esprit est amour.

Ainsi que nous le rappelle Saint Silouane de l'Athos: « Tous les Saints vivent dans le Royaume des Cieux, avec le Seigneur et Sa Mère Toute Pure .Là sont les Ancêtres et les Patriarches qui ont courageusement confessé leur Foi ; les prophètes qui ont reçu
le Saint Esprit et qui par leur parole ont appelé le peuple vers Dieu ; les Apôtres qui
sont morts pour avoir proclamé l'Evangile ; les Martyrs qui par amour du Christ ont donné leur vie avec joie; les saints Evêques qui ont imité le Seigneur et porté le Fardeau de leurs brebis spirituelle s; les saints Ascètes et les Fois en Christ qui par leur exploit ont vaincu le monde et tous les Justes qui ont gardé les commandements de Dieu et ont vaincu leurs passions.
Par le Saint-Esprit les Saints voient les souffrances des hommes sur la terre. Ils voient et savent comme nous sommes accablés de peines, comme nos cœurs sont desséchés, comme l'abattement paralyse nos âmes et; sans se lasser ils intercèdent en notre Faveur auprès de Dieu. »

Oui ; les saints et les saintes nous sont un peu comme des frères et sœurs car ils participent par la grâce aux caractères particuliers de Dieu et nous les font partager.

Ils ont quitté cette vie sans l'abandonner pour autant, comme l'a fait le Christ par Son Incarnation pour habiter parmi nous.
Les saints sont nos frères aînés sur terre en même temps qu'ils sont nos prédécesseurs dans les cieux pour y intercéder avec assurance en notre faveur, présentant ainsi chacun de nous au Seigneur.

Dans son discours catéchétique sur Saint Nicolas, le Père Emilianos de Simonos-Pétra nous fait remarquer à juste titre combien la période allant de Pâques à la Pentecôte nous a donné de modèles de sainteté pour notre édification propre :
« Incrédule, l'Apôtre Thomas refuse de croire, mais il fut jugé digne de confesser sa fidélité et sa foi en Dieu, de proclamer la divinité du Christ. Il était de faible constitution, il perdait facilement courage et patience, il éprouvait difficilement de la joie en présence du Christ; et cependant c'est à lui que le Christ a dit : « Viens ; mets ta main, vois de tes yeux ». Combien de fois Dieu ne nous dit-il pas à nous aussi « mets tes mains » et le Christ lui-même place nos mains dans la marque de ses clous.

Continuons avec ces femmes qui reçurent le surnom de Myrophores. Dieu a utilisé leur [apparente] faiblesse pour manifester la puissance de la Résurrection et pour l'annoncer aux disciples et apôtres.
Ensuite nous avons le paralytique. Pensez-vous qu'il possédait en lui-même la force de recouvrer la santé psychique et corporelle ? Seul le Dieu invisible était Celui, qui en tout, agissait. C'est le Christ qui a transformé le paralytique en prédicateur de la grâce.
Puis la Samaritaine, une femme pécheresse, livrée à la prostitution, perçoit directement le mystère du Christ et le transmet à un peuple qui n'avait jamais admis le peuple d'Israël.
Enfin l'aveugle-né qui deviendra proclamateur du Fils de Dieu, car ses yeux ont vu le monde matériel, mais son âme a reconnu le mystère de la divinité. »

C'est donc un grand nombre d'âmes courageuses, vraies et fortes que la Puissance de Dieu a maintenues au cours des siècles, et qui sans cela seraient tombées le long du chemin.
Ce ne sont pas ceux dont la vie a été facile qui ont maintenu la foi vivante pour la transmettre aux générations futures mais bien plutôt ceux qui ont dû lutter, souffrir et parfois même mourir pour le Christ.
N'oublions jamais que notre vie terrestre n'est pas avant tout celle du corps mais celle de l'âme.
Pourtant ne vivons-nous pas bien souvent que dans le seul but de satisfaire les besoins et les désirs du corps ?
Essayons de ne pas négliger ceux de l'âme!

Acceptons cette tâche et il en résultera en nous-même d’étonnantes transformations ; sachons en toute humilité et sans crainte aucune, voir objectivement notre âme ; acceptons que Dieu la façonne avec nous par Son Esprit de sainteté.
C'est tout le sens du « porter sa croix » quant au renoncement à soi-même cela signifie se dépouiller de notre ego, de notre vieil homme.
Se dépouiller, se faire pauvre toujours et toujours plus et se faire ainsi réceptacles de la grâce venue d'en-Haut...

La sainteté est donc bien l’œuvre du Saint-Esprit, le fruit de la Pentecôte.
La sainteté est l'épanouissement de toute vie chrétienne.
L’appel à la sainteté est adressé à chacun d'entre-nous ainsi que l'explicite Saint Séraphin de Sarov dans son célèbre entretien avec Motovilov : « le but de la vie chrétienne est l'acquisition de l'Esprit-Saint ».

La sainteté, notre sanctification en vue du Royaume de Dieu doit donc être notre tâche primordiale. Mais comment la réaliser, comment la vivre dans notre quotidien qui oscille entre l'affligeante banalité de la routine et l'agitation troublante qu'impose parfois la vie moderne?

C'est tout simple, sans être forcément facile tous les jours ! mais c'est simple quand-même :

C'est vivre pleinement l'instant présent en se sachant sous le regard paternel et incomparablement aimant de Dieu.
C'est faire fi de notre passé sans s'inquiéter de l'avenir.
C'est rejeter tout sentiment d'impuissance ou d'insuffisance, rejeter les pessimismes que l'on porte sur soi-même... afin que s'éclaire la paix du cœur.
C'est rendre grâce en tout temps et en tout, au sein de l'épreuve comme au sein de la joie; joie grâce à laquelle il nous est permis de surmonter de manière certaine et efficace nos craintes et nos angoisses les plus ancrées.
Enfin, c'est partir du principe qu'il n'y a jamais d'injustice dans la vie spirituelle puisque tout est pour notre profit en vue de notre union à Dieu; tout pouvant et devant être un terrain de rencontre avec le Dieu Vivant.

Rencontrer Dieu, lui parler, c'est prier, c'est être en relation avec Celui qui depuis la Genèse n'a de cesse de mettre l'homme debout.

Et prier c'est se sanctifier.

Combien avons-nous d'occasions et de possibilités de prier !

Que ce soient les prières établies par la grande Tradition de l'Eglise, la lecture méditative de l'Ecriture Sainte, des oeuvres des Saints Pères, ou (si la fatigue se faisant sentir, la formulation dans la prière ,devient impossible pour un temps) le simple émerveillement gratifiant devant la beauté de la Création, devant la beauté en tant que reflet de la Sainteté, donc devant la beauté comme reflet de Dieu !
Que dans notre cœur, tout ne soit que grâce et action de grâce, que tout chante en nous : « Alleluia! »

Chers frères et sœurs, pour conclure faisons nôtre cette exhortation du Père Emilianos : «prions afin de comprendre combien le Seigneur nous « crie » à Son Père, pour que nous devenions nous-mêmes imitateurs de Sa propre voix, de Sa Passion, de Son vouloir et de Son désir» que nous soyons semblables à des linges liturgiques imbibés de sainteté, des épîtres de Ses paroles, des miroirs de Sa Gloire ! »

Amen !


Méditation de Père Alphonse et Rachel

Chers Amis,


La fête de la Pentecôte est celle de l’accomplissement de tout, c’est l’achèvement de la Création, l’ouverture de la plénitude des temps. Il appartient maintenant à l’homme de vivre celle-ci. C’est pourquoi le dimanche après la Pentecôte est celui de la Trinité, toujours présente désormais à travers ce long temps qui va se dérouler jusqu’à l’Avent. Chemin des fantassins que nous sommes dans les méandres du jour, temps de l’apprentissage de la vie. Mais sur ce Chemin, rien n’est possible sans contempler la Source de toute vie.

Comment le mystère de la Vie procède-t-il, comment la Vie fait-elle pour vivre pleinement ? Quelle est l’image à laquelle nous sommes créés, vers quelle « ressemblance » (« programme ») devons-nous cheminer ? Une seule réponse : Dieu. Car Dieu nous crée, nous suscite à chaque instant, nous sortons de Lui comme le ruisseau d’une source. Mais alors effectivement, la seule chose qui importe est de connaître Dieu !

Nous n’en savons que ce que l’Ecriture Sainte nous a révélé de Lui : Dieu est Amour. Nous ne pouvons risquer ce mot qu’en contemplant Dieu, un seul Dieu en Trois Personnes qui s’aiment éternellement. Non trois personnes juxtaposées, mais trois générosités qui se donnent l’une à l’autre en plénitude. Chacune des Trois Personnes n’est pour elle-même qu’en étant pour les deux autres. Le Père n’existe comme Père distinct du Fils qu’en se donnant tout entier au Fils ; le Fils n’existe comme Fils distinct du Père qu’en étant tout entier élan d’amour pour le Père. Le Père n’existe pas d’abord comme personne constituée en elle-même et pour elle-même : c’est l’acte d’engendrer le Fils qui le constitue personne. S’il n’y avait pas le Fils, il ne serait pas Père, c’est bien évident. Chaque personne n’est soi qu’en étant hors de soi. Elle est posée dans l’être en étant posée dans l’autre. Dans le Père, dans le Fils, dans le Saint Esprit, il y a impossibilité absolue du moindre repliement sur soi. En d’autres mots, ce qui constitue fondamentalement les Personnes Divines c’est leur dépouillement absolu, la personne en Dieu est constituée tout entière et exclusivement par la référence à l’Autre, par un regard, par un élan vers l’Autre ; toute la propriété en Dieu c’est la désappropriation totale. Dieu est dépouillement, Pauvreté, Dieu n’a rien parce qu’Il donne tout .

Mais voilà pourquoi Il est aussi l’Infinie liberté, libre de soi, n’ayant aucune attache à soi. La liberté c’est d’abord cela : d’être coupé de toute adhérence à soi, de ne plus coller à soi, de ne plus se subir soi-même, mais de faire de toute la vie un don dans un pur élan d’amour.Alors, à l’image de la Trinité, vivre c’est aimer. Aimer, c’est être et vivre pour l’autre et par l’autre, pour les autres et par les autres, jamais par soi et pour soi. Chacune des Personnes Divines n’est elle-même qu’en étant par et pour les deux autres. Pour l’autre : c’est le don ; par l’autre : c’est l’accueil. Accueillir et donner c’est aimer. Dieu est une puissance infinie, c’est-à-dire sans limite, de renoncement à être pour soi et par soi.Ce qui nous est révélé là, c’est que la relation d’amour est la forme originelle de l’être. Ou, ce qui revient au même, le fond de l‘être est amour, communion. Ainsi le mystère trinitaire éclaire toute l’existence humaine.Parce que nous savons qui est Dieu, nous savons ce que nous devons être. La personne humaine, c’est l’être qui se réalise en donnant et qui, ne se cherchant pas lui-même, se trouve dans un autre.

La vie nous est donnée pour que nous tendions vers les autres, afin de nous donner à eux comme font entre elles les Trois Personnes Divines. Tendre vers les autres, non pour les conquérir ou les posséder, mais pour les enrichir et les grandir. Comme nous le disions à propos du Père, notre personne ne s’éveille que dans l’acte d’engendrer, de grandir l’autre !! L’amour gratuit de l’autre a la capacité de le faire naître à des dimensions mystérieuses et inconnues de lui-même.Mais pour aimer comme s’aiment les trois Personnes divines, il faut être soi-même, le plus profondément et le plus consciemment possible. Il faut vouloir que les autres soient, le plus profondément et le plus consciemment possible. Et non seulement le vouloir en pensée, en désir, mais agir pour qu’ils le soient.

Je veux que tu sois toi et je me consacre toute entier à ce que tu sois pleinement toi. Et ce qui est vrai pour les individus est vrai pour les patries, les races, les civilisations. Fedorov disait : « Il n’y a pas d’autre programme social et politique que la vie de la Divine Trinité et leur relation ! »Ce mystère inouï est en réalité l’expression de notre propre intimité. La respiration est le grand mouvement de la Vie, qui d’un pôle se donne et d’un autre se reçoit, accueil et don ; entre les deux, l’intervalle, l’abîme du silence. C’est ce dernier, le Père, qui m’engendre fils avec le Fils dans l’inspir et, dans l’expir, répand en moi la plénitude des énergies du Souffle !Tout est dans la conscience du soufle…Avec toute notre affection, à bientôt !



Père Alphonse et Rachel

Texte à méditer :
Cette prière veut nous faire contempler le mystère de la sainte Trinité :

O toi l’au-delà de tout, comment t’appeler d’un autre nom ?
Quel hymne peut te chanter ?
Aucun mot ne t’exprime. Quel esprit peut te saisir ?
Nulle intelligence ne te conçoit. Seul, tu es ineffable ; tout ce qui se dit est sorti de toi.
Seul, tu es inconnaissable ; tout ce qui se pense est sorti de toi. Tous les êtres te célèbrent, ceux qui parlent et ceux qui sont muets.
Tous les êtres te rendent hommage, ceux qui pensent comme ceux qui ne pensent pas. L’universel désir, le gémissement de tous tend vers toi. Tout ce qui existe te prie et vers toi, tout être qui sait lire ton univers, fait monter un hymne de silence.
En toi seul tout demeure.En toi, d’un même élan, tout déferle.
De tous les êtres tu es la fin. Tu es unique.
Tu es chacun et tu n’es aucun.
Tu n’es pas un être, tu n’es pas l’ensemble : tu as tous les noms ; comment t’appellerai-je, Toi, le seul qu’on ne peut nommer ?
Aie pitié, ô toi, l’au-delà de tout : comment t’appeler d’un autre nom.

Grégoire de Nazianze (IV ° siècle)