10 mai 2006

L'Ascencion


Icone : explications

Epitre de la Liturgie (Actes 1, 1-12)

Théophile, j'ai parlé, dans mon premier livre, de tout ce que Jésus a commencé de faire et d'enseigner dès le commencement jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir donné ses ordres, par le Saint Esprit, aux apôtres qu'il avait choisis. Après qu'il eut souffert, il leur apparut vivant, et leur en donna plusieurs preuves, se montrant à eux pendant quarante jours, et parlant des choses qui concernent le royaume de Dieu. Comme il se trouvait avec eux, il leur recommanda de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'attendre ce que le Père avait promis, ce que je vous ai annoncé, leur dit-il; car Jean a baptisé d'eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint Esprit. Alors les apôtres réunis lui demandèrent: Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d'Israël? Il leur répondit: Ce n'est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous recevrez une puissance, le Saint Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. Après avoir dit cela, il fut élevé pendant qu'ils le regardaient, et une nuée le déroba à leurs yeux. Et comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu'il s'en allait, voici, deux hommes vêtus de blanc leur apparurent, et dirent: Hommes Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l'avez vu allant au ciel. Alors ils retournèrent à Jérusalem, de la montagne appelée des Oliviers, qui est près de Jérusalem, à la distance d'un chemin de Sabbat.

Evangile de la Liturgie ( Luc 24, 36-53)

Tandis qu'ils parlaient de la sorte, Lui-même se présenta au milieu d'eux, et leur dit: La paix soit avec vous! Saisis de frayeur et d'épouvante, ils croyaient voir un esprit. Mais il leur dit: Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi pareilles pensées s'élèvent-elles dans vos coeurs? Voyez mes mains et mes pieds, c'est bien moi; touchez-moi et voyez: un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'ai. Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds. Comme, dans leur joie, ils ne croyaient point encore, et qu'ils étaient dans l'étonnement, il leur dit: Avez-vous ici quelque chose à manger? Ils lui présentèrent du poisson rôti et un rayon de miel. Il en prit, et il mangea devant eux. Puis il leur dit: C'est là ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous, qu'il fallait que s'accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils comprissent les Écritures. Et il leur dit: Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu'il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. Vous êtes témoins de ces choses. Et voici, j'enverrai sur vous ce que mon Père a promis; mais vous, restez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la puissance d'en haut. Il les conduisit jusque vers Béthanie, et, ayant levé les mains, il les bénit. Pendant qu'il les bénissait, il se sépara d'eux, et fut enlevé au ciel. Pour eux, après l'avoir adoré, ils retournèrent à Jérusalem avec une grande joie; et ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu.


Méditation du Père Lev Gillet

Texte extrait du livre "L'an de grâce du Seigneur" du Père Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'orient") aux éditions du Cerf

Le mercredi qui suit le cinquième dimanche après Pâques est le jour où, selon la terminologie liturgique, nous «prenons congé» de la fête de Pâques. Nous commémorons le dernier jour de la présence physique du Christ ressuscité parmi ses disciples; et pour honorer cette présence, pour honorer encore une fois la Résurrection, l'Eglise, en ce mercredi, répète intégralement l' office du Dimanche Pascal. Et maintenant nous touchons au quarantième jour aprês Pâques, au Jeudi où l'Eglise célèbre la fête de l' Ascension .
Trois leçons de l' Ancien Testament sont lues aux vêpres de l' Ascension, le mercredi soir. La première leçon (Isaie 2:2-3) nous parle d'une montagne : «Il adviendra dans l'avenir que le mont du Temple du Seigneur sera établi au sommet des montagnes... Toutes les nations y afflueront... Venez, montons à la montagne du Seigneur». C'est une allusion au Mont des Oliviers, d'où Jésus s'éleva vers son père. La deuxième leçon (Isaie, 62:10-63:3, 7-9) a été choisie à cause des paroles suivantes : «Franchissez, franchissez les portes , Frayez un chemin au peuple...Dans son amour et sa pitié, lui-même les racheta; Il se chargea d'eux, les porta...». Jésus montant aux cieux ouvre les portes à son peuple, lui prépare la route, le porte et l'élève avec lui. La troisième leçon (Zacharie, 14:1,4,8-11) est encore une allusion au mont qui fut la scène du triomphe final de Jésus : «Voici qu'un jour vient pour le Seigneur... Ses pieds, en ce jour, se poseront sur la montagne des oliviers, qui fait face à Jérusalem du côté de l'Orient... En ce jour-là, des eaux vives sortiront de Jérusalem...».
Les matines de l' Ascension sont déjà, dans leurs chants, pleines d' allusions à l'Esprit consolateur que Jésus va envoyer. L' Ascension prélude à la Pentecôte. A la liturgie, nous lisons le début du livre des Actes (1:1-12). Jésus, après un dernier entretien avec ses apôtres, s' élève et disparait dans un nuage. L' évangile de la liturgie (Luc, 24:36-53) reprend le récit des événements depuis la première apparition de Jésus ressuscité à l'assemblée des disciples et continue ce récit jusqu'à l'ascension proprement dite.
Il est rare, si l' on a sincèrement vécu la joie du temps pascal, que l' on n' éprouve pas un certain serrement de coeur lorsqu' arrive le jour de l' Ascension. Nous savons bien que c' est une des très grandes fêtes chrétiennes; et, malgré nous, il nous semble que c' est là un départ, une séparation, et qu' ensuite Notre-Seigneur n'est plus présent tout-à-fait de la même manière. Les disciples n'ont pas réagi ainsi. Ils auraient pu être accablés de tristesse. Au contraire «ils revinrent à Jérusalem en grande joie». Essayons d'entrer, nous aussi, dans cette joie de l' Ascension. Pourquoi l' Ascension apporte-t-elle de la joie aux Chrétiens ?
Tout d' abord parce que la gloire de Notre-Seigneur doit nous être chère. Or l' Ascension couronne sa mission terrestre. Il a accompli sur terre toute la mission qu'il avait reçue du Père. C' est vers le Père qu'il tend de son être. Maintenant il va recevoir du Père l'accueil que mérite sa victoire sur le péché et la mort, - victoire si douloureusement acquise. Maintenant il va être glorifié dans le ciel. La gloire et les désirs de Notre-Seigneur doivent être plus importants pour nous que les «consolations sensibles» que nous pouvons recevoir de sa présence. Sachons aimer assez Notre-Seigneur pour nous réjouir de sa propre joie.
Puis l' Ascension marque l'acceptation par Dieu de toute l'oeuvre réparatrice du Seigneur. La Résurrection avait été le premier signe éclatant de cette acceptation. La Pentecôte en sera le dernier signe. La nuée qui aujourd'hui enveloppe Jésus et monte avec lui vers le ciel représente la fumée de l'holocauste s'élevant de l'autel vers Dieu. Le sacrifice est accepté. La victime est admise auprès du Père. Elle y continuera son oblation d'une manière éternelle et céleste. L'oeuvre de notre salut est accomplie et bénie.
Jésus ne revient pas isolé vers son Père. C'est le Logos incorporel qui était descendu parmi les hommes. Mais aujourd'hui c'est la Parole faite chair, à la fois vrai Dieu et vrai Homme, qui entre dans le royaume des cieux. Jésus y introduit la nature humaine dont il s'est revêtu. Il ouvre les portes du royaume à l'humanité. Nous prenons, en quelque sorte par procuration, possession des biens qui nous sont offerts et possibles. « [Dieu] nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux dans le Christ Jésus ». Des places nous sont destinées dans le royaume si nous sommes fidèles. Notre présence y est désirée et attendue.
L' Ascension nous rend plus présente, plus actuelle, la pensée du ciel . Pensons-nous assez à notre demeure permanente ? Pour la plupart des chrétiens la vie dans le ciel n'est qu'un supplément - qu'ils se représentent très mal - de la vie terrestre. La vie dans le ciel serait en quelque sorte le post-scriptum, l' appendice d'un livre dont la vie terrestre serait le texte même. Mais c'est le contraire qui est vrai. Notre vie terrestre n' est que la préface du livre. La vie dans le ciel en sera le texte, et ce texte n' aura pas de fin. Pour employer une autre image, notre vie terrestre n' est qu'un tunnel, étroit et obscur - et très court - qui débouche dans un paysage magnifique et ensoleillé. Nous pensons trop à ce qu'est maintenant notre vie. Nous ne pensons pas assez a ce qu'elle sera. «Nulle oreille n'a entendu, nul oeil n'a vu... ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment ». Aux matines de cette fête, nous avons chanté : «Nous qui vivons dans ce monde, fêtons comme les anges...». C'est-à-dire : pensons davantage aux anges, essayons d'entrer dans leurs sentiments, éprouvons quelque chose de ce qu' eux-mêmes éprouvèrent, lorsque le Seigneur revint près du Père; transportons-nous d' avance auprès de la Bienheureuse Vierge Marie et des Saints glorifiés, qui seront nos vrais concitoyens : « Pour nous notre cité se trouve dans les cieux, d' où NOUS attendons Jésus-Christ...». Notre vie serait transformée si, dès maintenant, nous jetions nos coeurs de l'autre côté de la barrière, au-delà de ce monde, dans le royaume où se trouve non seulement notre vrai bien, mais le vrai bien de ceux que nous aimons.
Les disciples, après avoir été séparés de Jésus, demeuraient pleins d'espoir, parce qu'ils savaient que l'Esprit allait leur être donné. «Il leur enjoignit de ne pas quitter Jérusalem mais d'y attendre ce que le Père avait promis ». La nuée recouvre Jésus, mais cette nuée se colore déjà du feu de la Pentecôte. Jésus, en partant, nous fixe dans une attitude, non de regret, mais d'attente joyeuse et confiante.
Le départ de Jésus a été, un acte de bénédiction et un acte d' adoration, l'un correspondant à l' autre : «Or, tandis qu'il les bénissait, il se sépara d' eux et fut emporté au ciel... Pour eux s'étant prosternés devant lui, ils revinrent à Jérusalem en grande joie ». Telle devrait être pour nous la fête de l' Ascension. Si Jésus s' éloigne sur un geste de bénédiction, et si nous adorons Jésus s'éloignant ( nous parlons selon les apparences), nous nous relèverons pleins d'une force nouvelle - provenant de cette adoration, de cette bénédiction - et nous rentrerons, comme les apôtres, «en grande joie».

Texte extrait du livre "L'an de grâce du Seigneur" du Père Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'orient") aux éditions du Cerf

TROPAIRE
TU T'ES ÉLEVÉ DANS LA GLOIRE,Ô CHRIST NOTRE DIEU,
AYANT REMPLI DE JOIE TES DISCIPLES PAR LA PROMESSE DU SAINT-ESPRIT, CONFIRMÉE PAR TA BÉNEDICTION ; CAR TU ES LE FILS DE DIEU, LE LIBÉRATEUR DE L’UNIVERS.

KONDAKION
AYANT ACCOMPLI TON DESSEIN A NOTRE ÉGARD ET AYANT UNI CEUX QUI SONT SUR TERRE À CEUX DU CIEL, TU T'ES ÉLEVÉ DANS LA GLOIRE,Ô CHRIST NOTRE DIEU, POUR NE PLUS T'EN ÉLOIGNER MAIS POUR Y DEMEURER SANS CESSE EN CRIANT A CEUX QUI T'AIMENT : JE SUIS AVEC VOUS ET PERSONNE NE PREVAUDRA CONTRE VOUS.