13 décembre 2004

Le paysage

La grotte où se trouve la crèche, est située au flanc d'une grande montagne, aux tons ocres et bruns, dont les pans de rochers, éclairés de lumière, semblent s'avancer vers nous. Cette montagne majestueuse fait écho aux textes bibliques et liturgiques nous montrant la montagne comme une préfiguration de la Mère­Vierge qui est appelée « montagne ombragée ,,2 Le décor est souvent riche en détails; plantes, arbustes
animaux égaient la composition. Certains y voient la sanctification du cosmos tout entier grâce à
l'Incarnation. Tout dans le paysage exprime l'exultation de la nature accueillant son Créateur et restaurée par Lui. Les cieux, demeure de Dieu d'où vient l'étoile, sont matérialisés sous forme d'un demi cercle de couleur bleue. Cette couleur bleue est la même que celle de la mandorle qui entoure le Christ lors de la Transfiguration. Quant à notre « ciel ", il n'existe pas en tant que tel dans les icônes et il est remplacé parun espace doré nommé « lumière ".

Le bain de l'Enfant

En bas à droite de l'icône, on voit une scène montrant deux femmes s'apprëtant à donner le bain à un nouveau-né. Les deux femmes, une âgée et l'autre jeune fille, ont pour nom Salomé et Maïa (ou Zélomi).

Pour certains, cette scène s'appuie sur des écrits apocryphes (Protévangile de Jacques), pour d'autres, l'origine de cette scène remonte à l'imagerie biographique employée chez les Romains. On voit en effet, sculptées sur les bas-reliefs de sarcophages païens, les scènes importantes de la vie du défunt, qui commencent toutes par une naissance suivie d'un bain.

Quoi qu'il en soit, cette scène fait partie intégrante de l'icône canonique, dont le sens profond est de proclamer la véritable nature humaine du Christ, qui, comme tout nouveau-né, doit être lavé après la naissance. Il s'agit des premiers soins portés à ce corps d'enfant, qui est déjà le corps du Christ souffrant et mourrant sur la Croix. L'Enfant divin, étant Dieu, ne présente aucune trace de souillure, et dans ce cas n'a pas besoin d'être lavé. Mais en se faisant homme, il assume toute la condition humaine cc excepté le péché ". (Hé 4, 15) : « Car nous n'avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, lui qui a été éprouvé en tout, d'une manière semblable, à l'exception du péché. »
Cette scène fut interdite par le Concile de Trente en Occident et remplacée par l'Adoration du Nouveau­ Né.

Saint Joseph

En bas, à gauche, figure un homme assis sur une pierre, en méditation, tantôt tourné vers la grotte et la Vierge, parfois lui tournant le dos. Il s'agit de saint Joseph, généralement représenté comme un homme âgé, à barbe grise. Il est le dernier maillon de la généalogie du Christ exposée dans l'Evangile de saint Matthieu: « Jacob engendra Joseph, J'époux de Marie, de laquelle naquit Jésus, que l'on appelle Christ. » (Mt 1, 16) En effet, comme il est dit plus loin, l'ange annonce à Joseph l'intervention directe de Dieu (Mt 1, 20); dès ce moment, le Fils de Dieu, né d'une vierge, est accepté par Joseph dans la descendance de David. « Une fois réveillé, Joseph fit comme l'Ange du Seigneur lui avait prescrit: il prit chez lui sa femme; et il ne la connut pas jusqu'au jour où elle enfanta un fils, et il J'appela du nom de Jésus. » ( Mt 1, 24)

Saint Joseph est nettement séparé du groupe central formé par la Vierge et l'Enfant. Pour quelle raison? En premier lieu, la position de saint Joseph dans l'icône indique clairement qu'il n'est pas le père du Nouveau-né et que, pour cette raison, il n'a pas à former un « couple de parents» avec la Vierge Marie tournés vers l'enfant. Bien qu'il soit l'époux de Marie et le protecteur de l'Enfant, la paternité véritable de l'Enfant relève de l'action de l'Esprit-Saint qui a opéré avec l'assentiment de la Vierge. Dans certaines Icônes saint Joseph tourne résolument le dos à la scène centrale. Selon André Grabar, il faut y voir une référence à certaines images antiques, reprises dans l'art paléochrétien, visant à montrer que Joseph n'est pas le père.( Les voies de la création en iconographie occidentale, André Grabar, Flammarion, 1979, page 119 :« une mosaïque de pavement récemment découverte au Liban rend cette hypothèse très plausible. Elle représente la naissance d'Alexandre, une autre scène, donc, de naissance par intervention divine, où Philippe, l'époux d'Olympias, est étranger à la conception de l'enfant (Alexandre). L'image est significative: assis à l'arrière-plan gauche, Philippe tourne le dos à Olympias et au nouveau-né. Il a donc la même attitude que Joseph lors de la nativité du Christ. De plus, alors que les images de la nativité du Christ comprennent un rayon de lumière tombant sur l'Enfant Jésus, un serpent (peu visible sur les photos) glisse ici le long du corps d'Olympias, symbolisant Zeus, le vrai père d'Alexandre. ")

En deuxième lieu, l'attitude de Joseph fait l'objet d'interprétations assez différentes, soutenues par certains iconographes. Pour les uns, (Léon ide Ouspensky, Père Nicolas Ozoline), Joseph est éloigné par son incrédulité et ses doutes. Pour d'autres, (Père Georges Drobot) Joseph est plongé dans la contemplation. Le détail de ces deux approches peut se résumer comme ceci :

Saint Joseph plongé dans le doute

Saint Joseph est isolé car il est troublé, torturé par le doute sur la maternité de la Vierge et l'origine divine de l'Enfant. En effet, comment peut-il comprendre et accepter la naissance miraculeuse d'un fils d'une mère vierge? En effet, à vues humaines, cet événement est en contradiction totale avec les lois de la nature... Il est plein d'incompréhension et de doutes devant cet événement. Un chant de l'hymne Acathiste l'exprime parfaitement: « L'âme secouée par d'inquiètes pensées, le prudent Joseph se troubla profondément, car il connaissait ta virginité, et te soupçonne à présent, Ô Mère immaculée; mais apprenant ta conception de l'Esprit Saint, il s'écrie: Alléluia! » (Hymne Acathiste, tropaire 6) La solitude de Joseph, plongé dans ses doutes, est soulignée par un autre texte Iiturgiquelde la fête de Noël: « Voici ce que Joseph dit à la Vierge: Marie, qu'est cette chose que je vois en toi? Je suis perplexe et étonné, et mon esprit est dans l'épouvante; ne me cache rien. Marie, qu'est-ce que je vois en toi: au lieu de l'honneur, la honte; au lieu de la joie, la tristesse; au lieu de la fierté, tu m'as apporté le blâme. Je ne puis supporter la médisance des hommes, car je t'avais reçue pure des mains des prêtres du Temple, et que vois-je? »

C'est un mystère trop grand pour l'entendement humain. Cet état de doute est parfois souligné dans l'icône par une grotte noire qui lui sert de fond. Joseph est représenté accablé, la tête entre ses mains; devant lui se tient un vieux berger, appuyé sur un bâton. Ce vieux berger est interprété comme étant le diable et, dans certaines icônes, on le voit pourvu de cornes ou d'une petite queue à peine visible. Dans cette pose, saint Joseph exprime le drame de toute l'humanité, la difficulté d'admettre l'incarnation de Dieu. Parfois la Mère de Dieu a le regard tourné vers lui pour exprimer sa compassion devant son état de doute et d'ignorance.

Saint Joseph plongé dans la contemplation

C'est cette approche qui a notre préférence.
Plutôt que de mettre l'accent sur les interrogations de Joseph, une autre interprétation, développée par le Père Georges Drobot dans sa thèse de doctorat sur l'icône de la Nativité,2 présente saint Joseph dans une attitude de méditation devant le mystère, de contemplation émerveillée, intériorisée et silencieuse. La position de saint Joseph est très précise: dos ployé, tête appuyée sur un bras enveloppé dans un pan du manteau. Ceci n'est pas sans évoquer une personne assoupie ou sur le point de se réveiller, à rapprocher de celle des apôtres assoupis sur le Mont des Oliviers. Elle peut aussi représenter un homme plongé dans ses pensées. Un texte liturgique de la veille de Noël souligne cet aspect de Joseph contemplant et découvrant le miracle de la naissance de ce petit enfant qui est en réalité le vrai Dieu: « Ô hommes, fêtons par avance la Naissance du Christ et partons en pensée pour Bethléem; élevons nos pensées et contemplons avec les yeux de notre esprit la Vierge qui se dirige vers la grotte pour y donner jour au Seigneur notre Dieu. Joseph, en voyant ce grand miracle, a cru voir un homme, un petit enfant enveloppé de langes, mais par toutes les choses (qui l'entouraient) il comprit que c'était là le vrai Dieu. » Ailleurs, l'Eglise chante:
« Joseph, dis-nous : la jeune fille que tu avais reçue des portes du sanctuaire, comment la conduis-tu à Bethléem sur le point d'être mère? - Moi, dit-il, ayant scruté les prophètes et averti par un ange, je crois que Marie mettra Dieu au monde d'une manière ineffable et que, pour l'adorer, des mages viendront de l'Orient, et lui offriront des présents. » (Stichère, ton 3 ; Grandes heures de la veille de Noël)

03 décembre 2004

Les Mages

Les Mages sont très différents des bergers : ce sont des hommes de science, très cultivés; ils ont dû accomplir un long voyage pour découvrir l'enfant nouveau-né et aboutir ainsi à la connaissance véritable du vrai Dieu.

Certains textes liturgiques les appellent les Perses. Dans ce cas, les Perses désignent des sages sachant lire dans les étoiles, des astrologues, des adeptes des religions orientales anciennes, ennemies de Byzance. Ils venaient de Perse, de Syrie ou de Mésopotamie.

Dans l'icône canonique de la Nativité, les Mages sont toujours en voyage, soit à cheval, soit à pied. Ils sont au nombre de trois, représentant les trois âges de la vie: un jeune homme imberbe, un homme mûr portant barbe et cheveux châtains et un vieillard à barbe blanche. L'iconographie des premiers siècles met l'accent sur l'origine perse des mages par leur costume particulier: bonnet phrygien, courte tunique bariolée et pantalons collants. Plus tard ils furent vêtus de grands manteaux, d'une sorte de coiffe ou d'une couronne.
Les mages entraînent l'évocation de Balaam, que l'on peut considérer comme leur ancêtre. Balaam était un devin, étranger à Israël. Au lieu de maudire Israël, à la demande du roi de Moab, Balaq, il fut poussé par Yahvé, à prononcer trois bénédictions sur Israël, puis il prophétisa en ces termes: « Oracle de Balaam...Oracle de celui qui écoute les paroles de Dieu, de celui qui sait la science du Très-Haut...Je le vois - mais non pour maintenant, je l'aperçois - mais non de près: un astre issu de Jacob devient chef, un sceptre se lève, issu d'Israël. » (Nombres 24, 15-17)

D'autres textes de l'Ancien Testament nous annoncent les mages, comme celui extrait du psaume 71, 10 : « Les rois de Tarsis et des Îles lui offriront des présents, les rois d'Arabie et de Saba lui feront des offrandes. » Le prophète Isaïe dit: « [Jérusalem] tu seras radieuse, car vers toi afflueront les trésors de la mer, les richesses des nations arriveront chez toi. Des dromadaires de Madiân et d'Épha. Des multitudes de chameaux te couvriront, tous ceux de Saba viendront, apportant de l'or et l'encens, et chantant les louanges du Seigneur. » (Is 60, 5-6)
A partir du XIe siècle, on trouve les premières inscriptions du nom des Mages sur les représentations orientales. Plus tard ils seront désignés comme « Les Mages ».

Leurs noms, cités d'après l'Évangile de l'enfance arménien, sont: Melqon ou Melchior le roi de Perse, Gaspar ou Caspar le roi d'Arabie et Balthasar, le roi de l'Inde.

Les présents qu'ils offrent à l'Enfant sont figurés par des vases ou des boîtes fermées. L'évangile de Matthieu nous dit ce que contiennent leurs cassettes: « Entrant alors dans le logis, ils virent l'Enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage; puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Après quoi, avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays. » (Mt 2, 11-12) Leurs offrandes dévoilent la qualité exceptionnelle du nouveau-né, la royauté de l'Enfant. Dans l'interprétation classique, selon saint Irénée, l'or est destiné au roi des siècles, l'encens au Dieu de toutes choses et la myrrhe à l'Immortel, homme mort de trois jours2. Selon saint Ephrem le Syrien, l'or revient au roi, l'encens au prêtre et la myrrhe au médecin.

Voici comment saint Grégoire Palamas décrit les présents des rois mages: « Et les mages se prosternèrent, présentant de l'or, de l'encens et de la myrrhe à Celui qui par la mort, - dont la myrrhe était le symbole, - nous a gratifiés de la vie divine, - dont l'encens était une image, - et de la divine illumination, - que représentait l'or offert au dispensateur de la gloire éternelle. »3
Les Mages étaient trois sages venus de l'Orient, ils symbolisent l'humanité païenne qui ignore encore la révélation biblique. Un parallèle peut s'établir entre les mages et les « peuples », personnifiés par le roi Cosmos, figurant dans la partie basse de l'icône de la Pentecôte. Leur présence dans l'icône de la Nativité signifie que l'Ëglise reçoit et sanctifie toute la science humaine, pourvue qu'elle soit orientée vers la lumière véritable, le Christ.

Il convient d'opérer une distinction entre le Voyage des Mages et l'Adoration des Mages.
Le Voyage des Mages fait partie intégrante de l'icône de la Nativité. Il s'appuie sur des récits apocryphes expliquant la présence des Mages auprès de la crèche, miraculeusement avertis par un ange (le même qui avait apporté son repas-à Daniel dans la fosse aux lions) Ce «voyage », à cheval ou à pied, fait partie du schéma de la Nativité dans les manuscrits à partir du IXe siècle et dans les icônes et les fresques à partir du XIe siècle.

Les icônes représentent le voyage et l'arrivée des Mages (quelquefois leur adoration), alors que dans les peintures murales, leur voyage peut se décomposer en scènes plus nombreuses: les Mages contemplant l'étoile, leur voyage à pied ou à cheval, leur arrivée à Jérusalem et devant Hérode, l'adoration de l'Enfant, leur rêve et leur départ.


Le thème de l'Adoration des Mages apparaît dès le troisième siècle. Il met l'accent sur l'accueil réservé au Sauveur par l'humanité. (Adoration des Mages sur l'arc triomphal de Sainte-Marie-Majeure à Rome, 431) Il faut voir dans cette scène l'hommage rendu par toutes les nations au Dieu qu'elles viennent de reconnaître. Cette scène renvoie à des représentations antiques de l'hommage dû à l'empereur, au cours duquel les porteurs d'offrandes avancent en file indienne vers le trône impérial. «La représentation paléochrétienne de l'Adoration des Mages était une transposition de la représentation antique de l'hommage des nations vaincues à l'empereur, et montrait plutôt l'aspect divin de l'Incarnation (une étoile au dessus de la tête de l'empereur signifiait sa divinité) tandis que l'aspect « naissance humaine» n'y était pas mis en évidence; c'est-à-dire que cette formule pouvait facilement être acceptée par les anostiaues ou les monophysites. »

La composition canonique de l'icône de la Nativité proclame l'humanité du Christ, alors, que selon saint Jean Chrysostome, « les hommages qu'on lui rend prouvent sa divinité. » « La nativité fut une théophanie cachée; il ny a donc pas de place pour l'adoration sur l'icône de la Nativité, que ce soit celle manifestée par la Vierge, comme sur les monuments occidentaux, ou par les bergers ou les Mages."

GNOSE. GNOSTIQUE: Syncrétisme religieux qui se répandit dans les derniers siècles de l'Antiquité et qui prétendait donner accès à la connaissance suprême.

MONOPHYSISME: Hérésie christologique, condamnée au Ve siècle, qui ne voyait en Christ qu'une seule nature, la divinité, revêtue d'une apparence d'humanité.

Les bergers

Les bergers sont faciles à reconnaître : ils portent des habits de paysans, ou sont vêtus à l'antique avec de courtes tuniques. Il sont la plupart du temps imberbes, tiennent un bâton pour guider les troupeaux, et jouent de la flûte. Les troupeaux sont composés de béliers, brebis, chèvres et chiens, souvent représentés de manière fort pittoresque. On trouve une très grande variété de représentations des bergers et de leurs troupeaux.

Ces gens simples, illettrés, reconnaissent immédiatement et sans douter l'intervention divine dans leur vie quotidienne. Ils accueillent avec foi la parole de l'ange, comme il est dit dans l'Évangile de Luc : « Il y avait dans la même région des bergers qui vivaient aux champs et gardaient leur troupeaux durant les veilles de la nuit. L'ange du Seigneur se tint près d'eux et la Gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté ; et ils furent saisis d'une grande crainte. Mais l'ange leur dit : Soyez sans crainte car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd'hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David. Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche.» Et soudain se joignit à l'ange une troupe nombreuse de l'armée céleste, qui louait Dieu, en disant: « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance !» (Lc 2,8-14)

Les bergers sont donc les premiers témoins du Fils de Dieu et ils sont les premiers à répandre la Bonne Nouvelle de la venue du Sauveur dans le monde. « Ayant vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant; et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers. » (Lc 2, 17­18)

Ils font partie intégrante de l'icône canonique, tout comme les mages. Le groupe des bergers et celui des mages signifient pour les Pères de l'Église que le Christ est venu sauver le monde entier, les Juifs comme les Gentils. Les mages représentent les Gentils et les bergers les Juifs.

Dans certaines icônes, il y a un berger plus âgé se tenant debout devant saint Joseph. Il est souvent courbé ou bossu, et vêtu d'une peau de bête. Certains y voient là une personnification du diable : cette interprétation est à nuancer, pour plus de détail, se reporter au paragraphe consacré à saint Joseph.

GENTILS : désigne toutes les nations peuplant la terre, à l'exception du peuple juif. Les Gentils sont les « païens» par opposition à Israël, le peuple de Dieu.

Les anges et l'étoile

Les anges apparaissent dans l'iconographie de la Nativité à partir du Vie siècle.

Dans la partie supérieure de l'icône, au dessus de la grotte, nous voyons un groupe d'anges, souvent trois, mais parfois aussi en plus grand nombre, formant un groupe compact. Ce groupe d'anges symbolise la« milice céleste». Ils sont partie intégrante de l'icône canonique, en relation avec l'Écriture mentionnant la présence de l'armée céleste angélique. (Lc 2, 13)

Dans l'icône canonique figure également un ange plus spécialement penché vers les bergers et leur annonçant la bonne nouvelle. Parfois il est d'une taille supérieure aux autres, c'est l'« ange du Seigneur» comme il est dit dans l'Écriture: « Il y avait dans la même région des bergers qui vivaient aux champs et gardaient leur troupeaux durant les veilles de la nuit. L'ange du Seigneur se tint près d'eux et la Gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté; et ils furent saisis d'une grande crainte. Mais l'ange leur dit : Soyez sans crainte car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple: aujourd'hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David. Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche.» Et soudain se joignit à J'ange une troupe nombreuse de J'armée céleste, qui louait Dieu, en disant: « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance! » (Lc 2, 8-14)

Les anges forment le trait d'union entre le ciel et la terre, ils accomplissent leur triple rôle : messagers des révélations divines, ministres et serviteurs du Christ dans l'accomplissement de son œuvre, chantres de la gloire divine. Sur certaines icônes, leurs mains sont voilées, signe antique de louange et d'adoration.

Les puissances angéliques escortent le Seigneur dans sa descente au cœur de la condition humaine, et leur joie s'ajoute à celle des bergers à voir les peuples de la terre libérés du joug de la servitude et du mal. La joie des anges et des bergers, image de l'union du ciel et de la terre, et leur louange envers le Très­Haut descendu sur la terre, est parfaitement décrite par Saint Grégoire Palamas dans son homélie sur la Nativité du Seigneur : « Pour celui qui est né aujourd'hui, même les bergers constituent un chœur commun avec les anges, et ils chantent ensemble le même chant, frappant une commune cadence ; et ce n'étaient pas les anges qui prenaient les flûtes d'entre les mains des bergers, mais les bergers eux-mêmes qui resplendissaient de la lumière des anges et se trouvaient au milieu de J'armée céleste, où plutôt céleste et terrestre à la fois. Car ils disent : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre « (Lc 2, 14) : en effet, à présent, Celui qui demeure dans les lieux très-hauts, le Maitre des hauteurs célestes, a pour trône la terre : il reçoit sur celle-ci une glorification égale à celle que Lui adressent là-haut les saints et les anges. »

Dans certaines icônes, nous voyons parfois un ange guidant les mages vers la crèche en leur désignant l'Enfant de la main. Ceci est une représentation liée à des textes apocryphes, expliquant la présence des Mages auprès de la crèche par un miracle. D'après un texte nommé Évangile arabe de l'Enfance, l'ange guidant les rois de Perse à Jérusalem serait le même que celui qui avait enlevé de Jérusalem le prophète Habaquq et que celui qui apporta un repas au prophète Daniel dans la fosse aux lions.



L'étoile

En haut de l'icône figure un arc de cercle, d'où descend dans un rayon dirigé vers la grotte, une étoile. L'étoile annonce le Christ, la Lumière véritable. Au-delà du phénomène cosmique, elle est cette lumière qui annonce la naissance de Dieu sur terre, elle est une illustration de l'oracle de Salaam :« Oracle de Balaam...Oracle de celui qui écoute les paroles de Dieu, de celui qui sait la science du Très-Haut...Je le vois - mais non pour maintenant, je l'aperçois - mais non de près: un astre issu de Jacob devient chef, un sceptre se lève, issu d'Israël. » (Nombres 24, 15-17)

L'étoile est une lumière, qui éclaire ceux qui sont dans les ténèbres et qui les guide vers Dieu: « Debout! Resplendis! car voici ta lumière, et sur toi se lève la gloire de Yahvé. Tandis que les ténèbres s'étendent sur la terre et l'obscurité sur les peuples, sur toi se lève Yahvé, et sa gloire sur toi parait. Les nations marcheront à ta lumière et les rois à ta clarté naissante." (Isaïe 60, 1-3)

Les mages comprennent le signe de l'étoile et deviennent prophètes. Pour eux elle est le signe du Tout­Puissant montrant que son Fils est né.